1961: une première femme est élue à l'Assemblée nationale. Cinquante ans plus tard, le nombre de femmes dans des postes de pouvoir a évidemment augmenté, mais la situation est plutôt stagnante. Et le Canada est loin d'être précurseur dans le domaine.

Les femmes représentent un peu plus de 50 % de la population du Québec et sont généralement plus scolarisées que les hommes, mais la parité est encore loin d'être atteinte lorsqu'on observe leur présence dans des lieux de pouvoir comme les conseils d'administration ou la haute direction des entreprises.

La situation stagne plus qu'elle n'évolue. Par exemple, selon l'Institut de la statistique du Québec, en 2009 les femmes occupaient 13 % des sièges dans les c.a. auprès des 500 plus grandes sociétés canadiennes, un pourcentage qui n'a pas bougé depuis 2007. La même année, Statistique Canada indiquait que les femmes occupaient 37 % des postes de gestion, comparativement à 30 % en 1987.

La réalité n'a guère évolué dans le domaine de l'entrepreneuriat féminin, révèle Hélène Lee-Gosselin, titulaire de la Chaire Claire-Bonenfant à l'Université Laval, qui a effectué deux études sur le sujet (1985 et 2009) dans la région de Québec.

« Les femmes entrepreneures d'hier et d'aujourd'hui rencontrent les mêmes difficultés, soit le manque de confiance de la part des financiers, des fournisseurs, etc. Elles sont perçues comme un risque. Ce sont ces stéréotypes qui déqualifient les femmes dans nos sociétés », avance-t-elle.

Programmes absents

D'après un sondage publié récemment par Mercer, une entreprise-conseil, seulement 1 % des 240 répondants canadiens responsables en RH estiment que leur organisation dispose d'un solide programme pour le développement du leadership au féminin, et un maigre 2 % a l'intention de mettre en place de tels programmes.

Le même sondage a été effectué à travers le monde et le Canada est derrière la moyenne. « Alors que 71 % des entreprises mondiales n'ont pas de stratégie pour soutenir l'avancement de femmes à des postes de directions, elles sont 82 % au Canada », révèle France Despatie, conseillère principale en capital humain pour Mercer.

Parmi les programmes utilisés par les entreprises canadiennes et américaines et reconnues comme efficaces par les participantes au sondage, on compte la souplesse des conditions de travail, le mentorat et le recrutement d'une main-d'oeuvre plus diversifiée.

Nouvelle réalité

Avocate oeuvrant dans la capitale, Françoise Mercure s'intéresse de près à la place des femmes dans les sphères décisionnelles. Elle a d'ailleurs été la première femme présidente de la Chambre de commerce de Québec en 2001. Présidente du CLD de Québec, elle a aidé à mettre en place des mesures pour intégrer plus de femmes sur le c.a., qui dépasse aujourd'hui la parité.

Pour Me Mercure, ces mesures ont leur raison d'être : « S'il y a quelque chose que je ne veux plus entendre, c'est que si on prévoit des normes fixes, on pourrait par malheur avoir des femmes incompétentes ! On doit changer les mentalités et pour y arriver, ça prend un peu d'aide. »

La situation pourrait évoluer plus rapidement grâce à la pénurie de main-d'oeuvre, avance Mme Despatie. « Les départs à la retraite touchent aussi les postes de direction. Comme les femmes représentent 40 % du bassin de main-d'oeuvre, les entreprises ont tout à gagner en favorisant leur ascension », avance-t-elle, ajoutant qu'un récent rapport américain, « Women Matter », suggère que les entreprises où la représentation des femmes est plus importante au sein du c.a. et de la haute direction réussissent mieux.

Quant à ceux qui évoquent le préjugé qu'une femme est moins disponible à cause de ses devoirs familiaux,

Mme Despatie répond : « Il ne faut pas oublier que la nouvelle génération des Y et du millénaire aborderont le marché du travail en souhaitant un équilibre travail-famille. C'est une nouvelle réalité à laquelle les entreprises devront s'adapter. »