À mi-chemin entre le secteur des technologies de l'information et des communications (TIC) et le monde des affaires, l'analyse d'affaires est une profession encore peu connue mais appelée à être de plus en plus présente dans les organisations.

«Les analystes d'affaires, c'est une profession en développement et qui est en train de se définir, dit Sylvie Gagnon, directrice générale du comité sectoriel de main-d'oeuvre en TIC TECHNOCompétences. Il y a beaucoup d'opinions sur le sujet et elles sont parfois assez divergentes, notamment en ce qui concerne la formation. Notre but est de faire discuter tous ces gens ensemble.»

C'est ce matin au CRIM qu'a lieu la conférence organisée par TECHNOCompétences ayant pour thème la formation des analystes d'affaires. Encore mal connue, cette profession risque de devenir plus courante dans les années à venir.

Plusieurs conférenciers exposeront donc leur point de vue sur le sujet pour cette profession qui, prévoit-on, aura au moins 2200 postes à pourvoir d'ici 2014 dus principalement aux départs à la retraite, mais aussi, peut-on supposer, à une présence de plus en plus forte des analystes d'affaires au sein des organisations.

Un analyste d'affaires peut travailler dans une variété de secteurs, que ce soit du côté des groupes de consultants comme CGI ou au sein d'entreprises dédiées aux TIC. Ils peuvent aussi travailler dans des organisations comme les banques et les compagnies d'assurances afin d'aider ces dernières à évaluer et réaliser des solutions, le plus souvent technologiques, qui répondent à des besoins bien précis.

«Pour moi, l'analyste d'affaires est un traducteur, un pont entre le monde des affaires et le monde des TI. Il doit parler les deux langages: comprendre ce que l'organisation veut tout en pouvant expliquer à quelqu'un comme un programmeur le projet à réaliser», résume Michael D. Wybo, professeur agréé au Service de l'information des TI à HEC Montréal qui participera à la conférence en compagnie de représentants de TECHNOCompétences, de la Coalition canadienne pour une relève en TIC et de la division montréalaise de l'International Institute of Business Analysis.

La question de la formation

Selon une étude publiée en septembre dernier par TECHNOCompétences, près de 70% des entreprises demanderaient entre trois et dix ans d'expérience lorsque vient le temps d'engager un analyste d'affaires.

D'où la délicate question de la formation: peut-on former des analystes d'affaires qui pourront trouver leur place sur le marché du travail? Et si oui, où et comment? Certains proposent la professionnalisation, l'accréditation obligatoire ou alors un baccalauréat uniformisé. D'autres pensent qu'ils doivent venir du milieu technologique (bac en informatique), certains croient plutôt à une formation en administration.

Pour M. Wybo, il n'y a pas de doute qu'une formation comme le B.A.A. (bac en administration des affaires) avec spécialisation en TI ou encore une maîtrise en science de la gestion, tous deux offertes au HEC, peut répondre aux exigences du marché du travail. Dans ces deux programmes, le taux de placement de la soixantaine de diplômés par année est de... 100%!

«Dans des domaines spécialisés, comme au CN, on a besoin d'un analyste qui comprend le mode de fonctionnement des chemins de fer. Mais dans le marketing ou en RH, c'est tout à fait possible. C'est aussi aux organisations à planifier leur avenir en investissant dans de jeunes diplômés», croit-il.

Pour le professeur, uniformiser ou accréditer cette profession ne rendrait pas nécessairement service au marché du travail. Le plus grand défi selon lui est plutôt de faire connaître la discipline.

«La plupart de nos étudiants commencent le bac sans savoir que la profession d'analyste d'affaires existe, mais beaucoup finissent par choisir la spécialisation en TI, raconte M. Wybo. Certains croient à tort que les ordinateurs sont au coeur de ce travail, mais on parle plutôt de résolution de problèmes liés à l'entreprise. C'est aussi un domaine extrêmement social!»