En appui au mouvement lancé par Workopolis, le Parti libéral du Canada fera une déclaration au Parlement fédéral pour soutenir l'adoption d'une Journée nationale du télétravail, le 24 novembre.

Tout a commencé sur le blogue du site internet d'emplois Workopolis, explique, confortablement assis chez lui et en plein télétravail, son président Gabriel Bouchard.

«Nous avons remarqué que l'équilibre travail-famille prend de plus en plus d'importance, non seulement pour les jeunes familles, mais aussi pour la génération plus âgée, la «génération-sandwich», qui s'occupe soit de ses petits-enfants ou de ses parents. Et la notion de travail à domicile est au coeur de cette question», avance-t-il.

D'où l'idée de lancer un mouvement supportant la création d'une «Journée nationale du télétravail». Déjà 50 000 personnes soutiennent le mouvement par l'entremise d'une une page Facebook. En appui à cette initiative, le député libéral Mike Savage, critique en matière de Ressources humaines et de Développement des compétences, fera cet après-midi une déclaration devant le Parlement avant la période des questions pour sensibiliser le gouvernement aux avantages du télétravail.

«Il faut reconnaître que le travail a changé et que le télétravail reflète cette nouvelle réalité. Nous espérons que le gouvernement prendra bonne note du fait que c'est un besoin réel, exprimé par plusieurs milliers de Canadiens, et verra quelles mesures il peut prendre pour l'encourager», a déclaré M.Savage à La Presse, ajoutant que la prochaine étape sera de faire reconnaître officiellement le 24 novembre comme Journée nationale du télétravail.

Le Canada en retard

Selon un sondage réalisé pour le compte de Workopolis, 53% des Canadiens aimeraient avoir l'option de pouvoir travailler à la maison. Mais le Canada est en retard comparativement aux pays industrialisés, affirme Bob Fortier, président de l'Association canadienne du télétravail.

«Au Canada, il n'y a aucune volonté politique, c'est terrible! La plupart des pays ont des politiques à cet effet comme le Japon, l'Angleterre avec la semaine «Work Wise» instaurée en 2005 et plus récemment les États-Unis, où un projet de loi obligeant les agences fédérales à mettre en place des programmes pour le télétravail a été adopté la semaine dernière.»

Mais le portrait change lentement. Le maire d'Ottawa a appuyé l'idée en proclamant le 24 novembre Journée du télétravail dans la capitale nationale. «Le mouvement s'amplifie d'année en année. Les études montrent un augmentation graduelle, et c'est sans compter tout le télétravail qui se fait de façon informelle entre le patron et l'employé, qui est difficilement quantifiable», ajoute M.Fortier

Des avantages pour tous

Le télétravail permettrait de réduire les coûts pour les entreprises, notamment grâce à une meilleure productivité et un taux de roulement plus faible des employés. «Les employeurs qui offriront plus de flexibilité aux travailleurs pourront attirer et retenir les meilleurs candidats, surtout dans le contexte de pénurie de main-d'oeuvre. Et les recherches tendent à démontrer que les travailleurs sont généralement plus productifs à la maison», avance M.Bouchard.

Et ce, sans compter que le télétravail permet d'éviter les heures passées dans le trafic. Trente-neuf pour cent des travailleurs croient d'ailleurs que la réduction de la pollution et de la congestion routière est le plus grand avantage lié au travail à la maison.

«Pour un million de Canadiens qui resteraient à la maison une fois par semaine, on réduirait de 250 millions de kilogrammes les émissions de CO2 et on diminuerait de 800 millions de kilomètres nos déplacement sur les autoroutes!» affirme M.Bouchard.

La prudence s'impose, nuance toutefois Paul Lewis, professeur à l'Institut d'urbanisme de l'Université de Montréal. «La progression de la congestion dans les villes nord-américaines ne concorde pas avec la supposée progression du télétravail. Il faut faire attention avec ces chiffres, où on suppose que les gens ne vont pas se déplacer du tout durant la journée, alors que certains le font pour aller reconduire les enfants à la garderie ou encore pour des rendez-vous.»