Après une rupture difficile, la perte d'amitiés précieuses et un déménagement, Sylvie Giasson a perdu le seul point de repère qui lui restait à ses yeux: un emploi qu'elle adorait. Elle a craqué. Dépression majeure, tentative de suicide, six mois d'hospitalisation, antidépresseurs, rechutes. Cela affecte une vie bien sûr, mais aussi un plan de carrière. Comment s'en sortir?

«La première chose à faire, c'est d'aller chercher de l'aide. Pourtant, c'est souvent la chose la plus difficile parce qu'on reconnaît avoir un problème de santé mentale», affirme Sylvie Giasson, auteure du livre La dépression n'était pas dans mon plan de carrière, publié récemment aux Éditions Transcontinental.

Ensuite, il faut faire le suivi médical et psychologique. «Parce que sinon, la situation peut s'aggraver», ajoute-t-elle.

Comment savoir si on fait vraiment une dépression, ou si ce n'est pas plutôt un simple moment difficile à passer? Quels sont les signes au boulot qui, généralement, ne trompent pas?

«Le premier indice est souvent l'absentéisme. Si quelqu'un de normalement assidu commence à s'absenter fréquemment, ou à arriver en retard, c'est signe que le vase est en train de déborder», remarque Mme Giasson, également conférencière.

Ensuite, on peut souvent remarquer des comportements inhabituels. «Par exemple, quelqu'un qui est généralement très à son affaire qui commence à oublier des réunions, ou encore qui oublie la moitié des choses qu'on lui dit dans un courriel. On peut aussi voir arriver des difficultés inhabituelles de rendement», indique la spécialiste des ressources humaines.

Donc, il ne faut pas s'attendre nécessairement à voir son collègue dépressif pleurer dans un coin? «Pas dans tous les cas, mais ça peut arriver, précise-t-elle. Il peut y avoir des crises de larmes ou encore, des crises de colère.»

Gérer le congé de maladie

Bien souvent, lorsqu'une personne dépressive rencontre son médecin, elle se fait mettre subitement au repos, sans même pouvoir organiser son départ. Pas nécessairement évident pour la carrière... Que faire? Peut-on continuer à suivre les activités du bureau en prenant ses courriels par exemple? Doit-on suivre l'évolution des dossiers importants pendant son absence?

«Quand un médecin nous met en arrêt de travail pour une dépression ou un burn-out, on n'a pas le choix de couper le cordon! Complètement. C'est primordial, parce qu'il faut se reposer l'esprit. Ce n'est pas comme être au lit avec une jambe dans le plâtre!» s'exclame Mme Giasson.

Et lorsqu'on est finalement guéri, avant de penser à retourner au travail, Sylvie Giasson conseille... de prendre des vacances! «Lorsqu'on est malade, on n'est pas en congé. Une fois qu'on est mieux, il faut refaire son énergie, s'habituer tranquillement à reprendre le rythme. Je conseille de prendre trois semaines.»

Le retour au travail

Une fois qu'on est complètement rétabli et qu'on a fait le plein d'énergie, il faut bien sûr retourner au travail. Que faut-il dire aux collègues et aux patrons à son retour?

«Mais pourquoi ne pas être honnête?» demande Mme Giasson. Parce que, pour mettre toutes les chances de son côté, elle croit qu'une personne qui revient au travail après une dépression doit prendre quelques précautions pour que tout se passe bien.

«Il faut un plan de retour au travail. C'est essentiel. Et pour y arriver, on doit rencontrer son patron pour adapter l'organisation du travail, établir des objectifs précis à atteindre et se fixer des limites. Parce qu'au début, des journées qui se terminent à 19h avec le BlackBerry ouvert tous les soirs, ce n'est peut-être pas une bonne idée. Si on parle en toute honnêteté avec son patron, on a plus de chances d'y arriver.»

Ensuite, il faut respecter son plan. «L'employé et le patron doivent comprendre que si le plan n'est pas respecté, tout le monde sera perdant. Les risques de rechute dans la première année suivant une dépression sont de 50%», affirme Sylvie Giasson.

Les employeurs peuvent aussi miser sur des mesures préventives. «Très souvent, le travail est l'un des motifs qui déclenchent les problèmes de santé mentale, remarque Mme Giasson. Dès les premiers symptômes, comme une perte d'énergie, de motivation, de sommeil ou d'appétit, on peut tout de suite regarder ce qu'on peut faire. Bien des entreprises ont des programmes d'aide aux employés, et on peut revoir l'aménagement du travail. Ainsi, on peut parfois éviter une dégradation de la situation et même un arrêt de travail.»