Près d'un Canadien sur cinq raconterait des histoires pour décrocher un emploi. Si certains petits mensonges peuvent être sans incidence, vérifier les références à l'embauche demeure la meilleure solution pour s'éviter bien des tracas en tant qu'employeur.

Le sondage, réalisé en ligne à la fin de septembre auprès de 1002 Canadiens pour le compte de ADP Canada, une entreprise qui offre entre autres des services de gestion de paie et de ressources humaines, révèle des résultats somme toute étonnants. Au total, un Canadien sur cinq mentirait dans le but d'obtenir un emploi si cela pouvait lui servir.

Parmi eux, 27% seraient prêts à exagérer leur salaire, 15% seraient plutôt des enjoliveurs de réalité, en dissimulant des détails moins importants sur leur CV (comme la durée d'un emploi), alors que 17% inventeraient des qualifications, en prétendant avoir des compétences qu'ils n'ont pas. Par ailleurs, 19% des Canadiens exagèreraient des responsabilités concernant leurs emplois précédents, et 12% s'approprieraient des titres professionnels essentiels à leur domaine d'activité.

Stefan Sarazen, vice-président chez ADP Canada, croit que les résultats de ce sondage aideront «les employeurs à mieux comprendre les problèmes liés à l'embauche et les amèneront certainement à reconsidérer leurs pratiques d'embauche». En effet, 59% des répondants affirment avoir obtenu un emploi sans que l'employeur vérifie les références.

Un mensonge pas si loin de la vérité

Bruno (nom fictif) a déjà amplifié un rôle pour obtenir un emploi. Pour correspondre parfaitement au profil demandé pour un travail qu'il désirait beaucoup obtenir, il a menti dans son CV sur le mandat qu'il avait eu dans le cadre d'une expérience précédente, s'appropriant un rôle qu'il n'avait jamais officiellement eu. «Cependant, explique-t-il, j'avais quand même un peu d'expérience dans le domaine concerné, mais rien d'officiel.»

Un mensonge qui, considère-t-il, n'a fait de mal à personne. «Je ne suis pas un menteur dans la vie, mais, pour des situations de la sorte, où ça peut être bon pour moi, je me le suis permis. Mais je n'aurais jamais menti sur quelque chose que je suis incapable de faire», nuance-t-il. Le fait qu'il occupe l'emploi depuis près de cinq ans montre que son mensonge n'était pas trop loin de la vérité.

Petits et gros mensonges

En effet, concède Luc Brunet, psychologue du travail et professeur au département de psychologie du travail et des organisations à l'Université de Montréal, «il y a des petits mensonges et des gros mensonges». Par exemple, gonfler son précédent salaire et inventer un diplôme sont deux mensonges qui n'ont pas les mêmes conséquences.

«Il est très facile d'obtenir des faux diplômes sur l'internet, avec des lettres de recommandation et des faux bulletins! Il y a ce cas qui a beaucoup marqué un certain cégep où un professeur avait été engagé avec un doctorat provenant d'une université d'Angleterre qui était en fait fictive, raconte M. Brunet. Heureusement, les entreprises sont plus au courant qu'avant de ces façons de faire.»

M. Brunet étudie les comportements antisociaux au travail, comme lancer des rumeurs et mentir, depuis 1976. S'il considère que les résultats du sondage sont un peu élevés par rapport aux études existantes, il avance qu'entre 10 et 15% de la population adopterait des comportements antisociaux.

Selon lui, engager un menteur peut avoir de mauvaises répercussions sur le climat de l'entreprise. «On ne laisse pas notre personnalité à la maison! Si une personne ment sur son CV, il y a des chances qu'elle mente par la suite. Ces types de personne peuvent créer des problèmes au niveau de la justice organisationnelle ou détériorer le climat de travail.»

De l'avais de M. Sarazen, effectuer des vérifications permettrait d'économiser en évitant un coûteux roulement de personnel, en plus de rendre l'environnement de travail plus sûr.

«Chez ADP, nous offrons le service ADP BackCheck, qui vérifie des éléments comme le casier judiciaire, les références, la solvabilité de l'identité, la scolarité. Pour des postes-clés, notamment, cela peut se révéler très utile», dit-il.