La limo à l'aéroport. L'agent immobilier. Les 5 à 7 sur le bras du boss. Décidément, le studio de jeux vidéo Funcom ne lésine sur rien pour faire le bonheur de ses nouveaux employés.

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Si Funcom s'intéresse autant au confort de ses recrues, c'est que la plupart d'entre elles viennent de loin. Le studio de la rue Sainte-Catherine, c'est un peu les Nations unies de l'industrie montréalaise du jeu vidéo: on y parle notamment néerlandais, croate, suédois, hongrois, danois, italien, allemand et ukrainien. Vingt nationalités différentes s'y côtoient. Environ 70% de la main-d'oeuvre du studio provient de l'étranger.

Pour les patrons de Funcom, il s'agit d'un défi d'intégration qui sort de l'ordinaire. «Heureusement, ce sont des jeunes gens instruits qui ont beaucoup voyagé, dit Miguel Caron, directeur du studio montréalais de Funcom. Et puis rendu à 20 nationalités dans le bureau, une partie de l'intégration se fait par les employés eux-mêmes.»

Contrairement aux autres studios montréalais de jeux vidéo, Funcom a dû recruter la majorité de ses employés à l'étranger. Funcom se spécialise dans les jeux en ligne multijoueurs (MMO), un domaine peu développé au Canada. En inaugurant son studio rue Sainte-Catherine en septembre 2009, l'entreprise norvégienne a fait le pari que la main-d'oeuvre spécialisée la suivrait à Montréal.

Funcom ne recule devant rien pour donner une bonne première impression à ses employés. «Ils sont venus me chercher en limousine à l'aéroport. Ils m'ont payé un appart pour le premier mois. À ma première journée au boulot, on s'est occupé d'ouvrir un compte bancaire et d'avoir tous les papiers médicaux nécessaires», dit Pia Olstad, une Norvégienne de 25 ans qui travaille chez Funcom à Montréal depuis août dernier.

Le studio offre gratuitement des cours de français à raison de quatre heures par semaine. C'est ainsi que 75 des 90 employés étrangers de Funcom font leurs premiers pas dans la langue de Molière. «Les conjoints sont invités», dit Kim Pasquin, directrice des ressources humaines de Funcom.

La douce moitié - voilà une bonne partie des préoccupations de Kim Pasquin, qui tente de leur trouver un emploi, une garderie, un médecin. «Notre expérience, c'est que si ça ne fonctionne pas pour le conjoint, ça ne marchera pas à long terme pour l'employé», dit Kim Pasquin.

Tous les vendredis, les employés de Funcom sont conviés au traditionnel 5 à 7. Quand la fête se poursuit au-delà des deux premiers verres aux frais du patron, le contingent européen de Funcom est toujours étonné du coût de la vie peu élevé à Montréal. «Quand ils voient la bière à 8$, ils viennent me voir étonnés et trouvent que ça n'a pas d'allure», dit Miguel Caron.

Le coût de la vie fait particulièrement plaisir aux 20 expatriés de Norvège, le pays du siège social de Funcom. À Oslo, Pia Olstad payait 2000$ par mois pour un appartement en banlieue. «Pour le même prix à Montréal, je suis à cinq minutes à pied du centre-ville», dit-elle.

Son collègue Yann Alet, un Français né en Guadeloupe qui a élu domicile à Montréal à l'automne 2009, ne regrette pas non plus son aventure nord-américaine. «Nous avons une meilleure qualité de vie, notre logement est plus grand et il y a moins d'embouteillages», dit-il.

Tout déménagement dans un autre pays comporte évidemment son lot de mauvaises surprises. Chez Funcom, les récriminations tournent surtout autour de deux sujets: le prix des téléphones portables et le système bancaire. «Je n'avais pas utilisé un chèque depuis 15 ans», dit Patrick Balthazar, un Autrichien de 31 ans.

Typique de l'industrie

Avec 20 nationalités et 69% de main-d'oeuvre étrangère (90 des 130 employés), Funcom est le studio montréalais à la main-d'oeuvre la plus diversifiée. Mais les autres studios de jeux vidéo ne sont pas en reste. Le studio d'Ubisoft est celui qui compte le plus de nationalités, avec des employés provenant de 42 pays. De plus, 18% des 2100 employés d'Ubisoft Montréal proviennent de l'extérieur du pays, soit environ 380 personnes. Electronic Arts compte 15 nationalités parmi ses 750 employés.

Chez Eidos Montréal, 17% des 330 employés sont originaires de l'extérieur du Canada. Les employés d'Eidos proviennent de 19 pays, un de moins que chez Funcom. «Nous donnons des cours d'immersion en langue française et nous organisons des activités sociales, dit Stéphane D'Astous, directeur d'Eidos Montréal. L'été, nous allons pique-niquer dans le parc LaFontaine. L'hiver, nous allons glisser sur le mont Royal. Et les soirs de hockey, les salles de conférence sont disponibles pour regarder les matchs du Canadien.»