Dans pratiquement chaque bureau, y a la pessimiste, le tit-Jos connaissant, le chialeux, la manipulatrice et bien d'autres encore. D'ailleurs, vous êtes probablement déjà tous en train de mettre des noms après ces qualificatifs!

Que faire quand ces malcommodes vous donnent du fil à retordre? Surtout, «n'essayez pas de les changer, parce que vous n'y arriverez pas», affirme Roy Lilley, auteur du livre Travailler avec des malcommodes, publié aux Éditions Transcontinental.

Sa stratégie? Essayer de trouver avantage à ces comportements difficiles.

«Vous êtes devant un perfectionniste? Demandez-lui de s'occuper des détails d'un projet. Vous avez un employé un peu fougueux? Demandez-lui de s'occuper des plaintes que vous pouvez recevoir de vos fournisseurs. Vous êtes devant une personne qui a tendance à trop en prendre pour ensuite vous laisser tomber parce qu'elle est débordée? Demandez-lui de partager son travail avec quelqu'un qui a besoin de coaching», indique M. Lilley dans une entrevue accordée à La Presse Affaires.

Mais avant d'opter pour une stratégie, encore faut-il être capable de faire un bon diagnostic! Dans son livre, Roy Lilley cite Robert Bramson, un spécialiste américain en gestion qui a décortiqué plusieurs types de malcommodes, de l'agressif au plaignard, en passant par le silencieux et l'indécis.

Il y a même des sous-catégories! Parce qu'on n'agit pas de la même façon avec un agressif - char d'assaut qui attaque de façon grossière et brusque en vous bombardant d'un flot incessant de critiques qu'avec un agressif - tireur isolé qui lance un peu au hasard des bombes verbales sur un ton amical.

Passer à l'action

Une fois le diagnostic posé, c'est ensuite le temps de passer à l'action. Et pour être efficace, il faut se préparer. Car pour M. Lilley, également conseiller dans une école de management de Londres, conférencier en gestion du changement et journaliste, les malcommodes ont un point en commun: ils sont prévisibles.

«Les gens malcommodes ne le sont pas uniquement avec vous. Ils sont centrés sur eux-mêmes et malcommodes avec tout le monde... ce qui est prévisible et facile. En effet, vous pouvez vous préparer à affronter les gens malcommodes, vous pouvez planifier, comploter, conspirer et vous regrouper contre eux», écrit-il.

Et la grande règle de base à respecter, d'après M. Lilley, c'est d'agir davantage avec son cerveau qu'avec ses émotions.

Tout cela a l'air bien beau sur papier, mais en pratique? La Presse Affaires a voulu savoir si l'auteur avait lui-même appliqué quelques-uns de ses trucs.

«Je les ai tous essayés! a-t-il affirmé. Le truc, c'est de comprendre pourquoi les gens sont si malcommodes et d'essayer de tourner la situation à son avantage. Par exemple, si quelqu'un est toujours en retard au travail ou part toujours très tôt, il y a une raison. La personne a-t-elle des problèmes avec sa garderie, ou encore, avec son moyen de transport? Si c'est le cas, la personne peut faire du télétravail ou encore, adopter un nouvel horaire de travail.»

Les cas les plus lourds

Si M. Lilley, qui a oeuvré à la fois dans le système public que dans des entreprises privées, a essayé tous ses trucs, c'est qu'il a travaillé avec plusieurs malcommodes! Quel type est le plus difficile à gérer selon lui?

«Les paresseux! Il peut être très difficile de les gérer. Ils vous laissent tomber, par exemple, en ne terminant pas un projet dans les délais», indique-t-il.

Que faire avec eux? «La seule façon de s'attaquer au problème, c'est de les gérer à la demi-journée. Comme ça, ils comprennent le message rapidement», affirme-t-il.

Et au travail, il y a des collègues malcommodes, mais il y a aussi des patrons malcommodes! Qu'est-ce qui est le pire? «Probablement le patron tyran! Généralement, c'est parce qu'il a lui-même un patron tyran, ou encore, parce qu'il est peu sûr de lui.»

Que faire devant une telle situation? «Lui dire:? M. le patron, arrêtez et réfléchissez. Je sais que ce projet est important pour vous, pour la compagnie et il l'est aussi pour moi. Toutefois, cela ne vous donne pas le droit de me parler de cette façon. Je suis heureux de donner le meilleur de moi-même au travail, mais je ne serai pas traité comme ça.? Ensuite, laissez-le parler. La très grande majorité du temps, le patron tyran va reculer. Si ce n'est pas le cas, cherchez-vous un autre emploi!»