Si terrible à gérer finalement cette génération Y? Pour le savoir, l'Ordre des CRHA a commandé un sondage dont les résultats ont permis de réaliser que les préjugés qui circulent autour des Y ne sont pas vraiment une question de génération, au bout du compte.

«Par exemple, le goût d'avancer rapidement dans sa carrière est attribuable davantage au haut degré de scolarité qu'à celui d'appartenir à un groupe d'âge ou à un autre», affirme Florent Francoeur, président-directeur général de l'Ordre des CRHA qui a lui-même eu l'idée du sondage après avoir entendu circuler plusieurs mauvaises perceptions par rapport aux Y.

Autre mythe déboulonné: les Y ne veulent pas demeurer longtemps chez leur employeur.

«En fait, le sondage a révélé que les Y souhaitent davantage que la génération précédente, les X, rester chez leur employeur si celui-ci continue à leur donner des défis intéressants et à bien les traiter. En milieu de leur carrière, plusieurs X sont déjà passés par quelques entreprises et ils sont prêts à aller ailleurs», explique-t-il.

Et le respect de l'autorité du patron? Plutôt une question de sexe, semble-t-il! «Le sondage a révélé que 87% des hommes, toutes générations confondues, n'ont pas de problème à suivre les décisions de leur supérieur, contre 78% des femmes», affirme M. Francoeur.

Besoin d'attention

Il ne faudrait pas croire pour autant que les Y sont comme toutes les autres générations. Ils ont aussi leurs caractéristiques, et un gestionnaire averti en vaut deux! Pour aider les gens qui ont à gérer des Y, l'Ordre des CRHA a créé des capsules vidéos, accessibles sur son site internet.

L'une des participantes, Christine Marchildon, première vice-présidente, région du Québec, chez TD Canada Trust, croit qu'on ne gère pas les Y comme les générations précédentes.

«Ils aiment avoir des contacts avec les cadres supérieurs, ils aiment qu'on les rencontre, qu'on les écoute. Le défi des employeurs, c'est de les ralentir un peu et de leur expliquer pourquoi ils doivent parfois rester dans un poste un certain temps avant d'aller plus loin. Parce que les Y se lassent vite de la routine. Il faut constamment les stimuler et leur donner de nouveaux défis», explique-t-elle.

En tant qu'Y qui gère des Y et des baby-boomers, Walid Abou-Saab, assistant directeur opérations chez Visa TD, remarque fréquemment les différences entre les deux générations.

«Si on demande à un baby-boomer de faire quelque chose, il ne demande pas pourquoi. Il le fait. Le Y, il faut lui expliquer le pourquoi. Il pose beaucoup plus de questions. Il faut vraiment l'engager dans le processus.»

Lourd tout ça? «C'est certain que généralement, un Y demande plus d'attention et de temps», remarque-t-il.

Et en tant que membre de la génération Y, est-ce que Walid agit de la même façon avec ses patrons? «Tout à fait! Je pose beaucoup de questions. Ce n'est pas de l'arrogance, mais avant de faire quelque chose, j'ai le désir de bien comprendre pourquoi je dois le faire», ajoute-t-il.

Investis... jusqu'à 17h30!

Prenants, donc, ces Y! Mais livrent-ils la marchandise? Christine Marchildon est sans équivoque.

«Ils ont beaucoup de facilité à travailler en groupe, ils sont ouverts et ils n'hésitent pas à demander conseil, et ce, même lorsqu'ils arrivent dans des postes plus hauts dans la hiérarchie. Souvent, cela fait de très belles atmosphères de travail.»

Mais les Y ne sont tout de même pas les employés parfaits, 100% dévoués au travail...

«Il faut savoir que pour les Y, le travail est une façon de se réaliser, mais ce n'est pas une fin en soi, remarque Mme Marchildon. Un Y s'investit totalement dans son travail, mais à 17h30, par exemple, que ce soit parce qu'il doit chercher son enfant à la garderie ou parce qu'il a rendez-vous au restaurant avec son conjoint, il part. Point final.»