Il semble bien lointain le temps où on n'avait qu'à éteindre son ordinateur pour profiter pleinement de ses vacances. Il y a eu le cellulaire et pire encore, on a maintenant le téléphone intelligent. Désormais, même les courriels superflus poursuivent leur destinataire jusqu'au bord de la mer! Cet été, arriverez-vous à décrocher, ou encore, votre patron vous permettra-t-il de le faire?

«La plupart du temps, si une personne n'arrive pas à décrocher, ça n'a rien à voir avec son employeur! Bien des gens sont accros à leur emploi, ils se sentent indispensables et ils se disent que s'ils n'étaient pas là, la Terre arrêterait de tourner. C'est une façon pour eux de se valoriser», affirme d'emblée Michel Nadeau, associé principal chez Vézina Nadeau Labre, cabinet de consultants spécialisés en ressources humaines.

Pour Florent Francoeur, président-directeur général de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, ne pas prendre de vacances risque en fait de se retourner contre soi.

«C'est un fait connu que, dans beaucoup d'entreprises, il y a des employés qui ont du mal à décrocher de leur travail. Il est important d'être vigilant et d'inciter ces employés à fixer des limites raisonnables au travail. Autrement, c'est l'épuisement qui les guette», a-t-il affirmé lors de la publication le mois dernier des résultats d'un sondage révélant notamment que 8% des travailleurs québécois ne prévoyaient pas prendre de vacances cet été.

Heureusement, dans plusieurs entreprises, on encourage effectivement les employés à décrocher pendant les vacances pour aller recharger pleinement leurs batteries.

Chez KPMG par exemple, La Presse a été incapable de joindre deux personnes du service des ressources humaines pour commenter la question puisqu'elles étaient en vacances! Aux relations avec les médias, on indique que dans le cabinet, la devise est de travailler fort pendant toute l'année, mais de prendre de vraies vacances lorsque le temps est venu.

Quelques trucs pour décrocher

Pour réussir à décrocher pendant ses vacances, une bonne dose d'autodiscipline est nécessaire.

Selon Michel Nadeau, la première règle pour y arriver est de bien s'organiser. Il faut donc aviser ses clients et ses partenaires d'affaires de ses dates de vacances, changer le message de sa boîte vocale en conséquence et faire une réponse automatique d'absence du bureau pour ses courriels.

«Il faut aussi indiquer qui joindre en cas d'urgence pendant son absence et, bien sûr, on doit mettre cette personne au courant de ses dossiers importants», dit-il.

Ensuite, il faut discuter avec son patron ou avec ses associés des situations d'urgence qui pourraient se produire pendant son absence et pour lesquelles on se rendra disponible.

«Ce n'est pas suffisant de dire à son patron qu'il peut nous joindre en cas d'urgence, affirme M. Nadeau. Il faut prendre le temps de définir ce qu'est une urgence! Si on ne le fait pas, on prend le risque que notre employeur nous dérange constamment.»

Mais comment demeurer accessible en cas de véritable urgence sans toutefois devenir l'esclave de son téléphone intelligent? Michel Nadeau préconise le téléphone cellulaire personnel.

«Même si nous sommes en vacances, nous voulons être informés s'il arrive quelque chose à nos enfants ou à nos petits-enfants. C'est la même chose s'il y a un incendie au bureau ou s'il arrive quelque chose à notre associé. Le cellulaire personnel permet d'être mis au courant d'une situation d'urgence sans avoir à suivre ce qui se passe au bureau au quotidien», explique-t-il.

Oser décrocher du travail en 2010 pendant ses vacances peut-il se retourner contre soi?

«Généralement, si on a bien planifié son départ, il n'y a pas de problème, remarque M. Nadeau. Si votre employeur vous demande d'être disponible 365 jours par année, vous êtes peut-être mieux d'aller travailler pour quelqu'un d'autre!»