La génération pré-réforme se souvient du cours d'éducation au choix de carrière (ECC), en cinquième secondaire, où, après avoir passé quelques tests de personnalité, plusieurs se sont fait suggérer des métiers et des professions parfois surprenants! Souvent ridiculisé, ce cours obligatoire permettait tout de même aux élèves de prendre le temps de penser à leur choix de carrière. Depuis son abolition, en fait-on assez dans les écoles pour aider les jeunes à trouver leur vocation?

Logann est en troisième secondaire, dans une école montréalaise publique à vocation théâtrale. Lui a-t-on parlé, à l'école, de différents types de carrière qui pourraient l'intéresser? «Non.» Lui a-t-on fait visiter les cégeps qui offrent une formation en théâtre, puisque c'est un intérêt partagé par l'ensemble des élèves? «Non.» Lui en a-t-on parlé du moins? «Un peu, mais pas vraiment. Peut-être plus l'an prochain.»

Pourtant, un élève de troisième secondaire d'une école avoisinante pourrait être dans une tout autre situation. En fait, depuis le renouveau pédagogique, rien n'est venu remplacer directement le cours d'ECC et la préparation au choix de carrière se fait de façon très différente d'une école à une autre, et même d'une classe à une autre.

L'approche orientante

Les écoles ont d'abord le choix d'adhérer, ou non, à l'approche orientante.

«Avec cette approche, les enseignants doivent mettre à profit les situations d'apprentissage pour faire des liens avec les forces et les habiletés des élèves pour les aider à mieux se connaître», explique Judith Alain, conseillère pédagogique au Bureau des services éducatifs complémentaires à la Commission scolaire de Montréal (CSDM).

Les élèves de troisième secondaire qui ont opté pour le profil appliqué doivent pour leur part suivre le cours projet personnel d'orientation (PPO), également offert en option aux élèves du profil général.

«Le cours permet aux élèves de se familiariser avec différents métiers et professions en faisant différentes activités. Par exemple, pour le bijoutier, les élèves font des bagues. C'est très concret. Ils ont aussi une base sur le fonctionnement du système scolaire», explique Isabelle Dion, conseillère pédagogique responsable de l'implantation du PPO à la CSDM.

Toutefois, l'enseignement du PPO ne demande pas un champ d'expertise spécifique. «N'importe quel enseignant peut donner le cours et c'est souvent fait en complément de tâche. Il y a un grand roulement d'enseignants, donc il faut faire un suivi constant pour s'assurer que les élèves voient bien la matière prévue», ajoute-t-elle.

Pour la formation professionnelle

Un cours d'exploration de la formation professionnelle est aussi offert depuis deux ans dans certaines écoles de la CSDM.

«Le cours explore les 21 secteurs de la formation professionnelle et il est offert sous différentes formes. Pour les élèves à risque de décrocher ou pour les raccrocheurs, le cours est vraiment complet. Les élèves rencontrent un professeur de chaque centre professionnel et ils vont passer trois semaines en stage dans les centres», explique Isabelle Duguay, conseillère pédagogique responsable de l'implantation du cours.

Les deux versions du cours offert en option à la clientèle régulière de quatrième secondaire comptent un moins grand nombre d'heures.

Mais qu'arrive-t-il à l'élève moyen qui se dirige vers le cégep dont l'école n'a pas opté pour l'approche orientante et qui ne fait pas le PPO parce qu'il préfère les arts plastiques ou la musique? «C'est là qu'il y a un vide, ou plutôt qu'il peut y avoir un vide», remarque Mme Alain.

Il ne reste plus qu'à espérer que le conseiller d'orientation, appuyée par l'équipe de l'école, organise des activités pertinentes.

«Nous, on envoie les élèves passer une demi-journée au Salon national de l'éducation. C'est différent dans chaque école», affirme Guylaine Bolduc, conseillère d'orientation à l'école secondaire Père-Marquette.

Ou encore, il faut espérer que l'élève aura suffisamment d'initiative pour faire ses propres démarches et qu'en cas de besoin, il demandera l'aide d'un professionnel.