Lorsqu'elle a ouvert sa boutique Femme ou Fille, à Valleyfield, la designer de mode Carole Binette a misé sur son instinct. «C'était en 1986 et dans ce temps-là, on ne faisait pas faire d'étude de marché avant d'ouvrir un petit commerce comme ça!» se souvient-elle.

Pour assurer le succès de son entreprise, elle se fiait à ses talents de créatrice et au sens des affaires de sa mère avec qui elle s'est associée.

 

«Ma mère avait déjà de l'expérience en administration et au fil des ans, elle m'a montré comment ça fonctionne. Lorsqu'elle a pris sa retraite, j'ai été capable de prendre la relève», affirme Mme Binette.

Pour Brahim Allali, expert en management des PME à HEC Montréal, il est capital, pour la survie d'une petite entreprise, que le dirigeant pallie ses faiblesses.

«Quelqu'un qui se lance en affaire doit aller chercher la formation nécessaire pour améliorer ses points faibles, ou encore, se trouver un associé ou un employé complémentaire», indique-t-il.

La vision

Le propriétaire d'une PME doit également avoir une vision claire d'où il veut aller avec son entreprise pour avancer dans la bonne direction. «Il doit aussi bien communiquer sa vision à ses employés pour les mobiliser et même, pour les amener à contribuer au développement de l'entreprise», croit M. Allali.

Carole Binette s'est toujours fixé des objectifs à court, moyen et long terme. «C'est très important, parce qu'il faut toujours chercher à s'améliorer. D'ailleurs, je demande souvent à mes employés s'ils ont des idées, s'ils ont vu des promotions intéressantes dans d'autres commerces qu'on pourrait adapter, etc. C'est important de travailler en équipe.»

L'avantage d'être petit

Comme tout va très vite aujourd'hui, on ne peut non plus espérer durer en affaires sans évoluer. «L'entreprise doit offrir une solution qui répond aux besoins du marché. Tant que l'adéquation sera là, l'entreprise pourra durer. Mais évidemment, l'entrepreneur doit prendre en considération que les besoins de la clientèle changent et il doit s'assurer que la congruence est maintenue», explique le professeur Allali.

Au fil des ans, Carole Binette a évidemment dû s'adapter, d'autant plus qu'elle a déménagé sa boutique trois fois pour aller dans des locaux plus grands. De nouveaux lieux qui ont engendré des changements de clientèle.

«Au départ, j'étais dans un secteur de la ville moins passant, où la clientèle était plus âgée. Lorsque j'ai acheté l'immeuble où je suis actuellement, sur la rue Victoria, la rue principale du centre-ville, je me suis soudainement retrouvée dans un secteur beaucoup plus passant avec des jeunes et des touristes, alors j'ai dû adapter mes créations», indique l'artiste dont l'atelier est dans le même immeuble que sa boutique.

Cette grande proximité avec la clientèle est aussi un avantage important pour quelqu'un qui gère une petite entreprise, croit M. Allali.

«Le dirigeant reçoit ainsi des renseignements de première main et il est vraiment au fait des goûts et des besoins de sa clientèle. Comme l'entreprise est petite, il peut aussi rapidement s'adapter, ce qui n'est pas aussi évident pour une grande entreprise», explique-t-il.

Un regard extérieur

Par contre, les dirigeants de PME négligent souvent d'aller chercher un regard extérieur sur leur entreprise, d'après Brahim Allali. «C'est important d'appartenir à un réseau d'entrepreneur pour avoir accès à certaines informations et pour pouvoir discuter de différentes problématiques avec d'autres gens d'affaires», explique-t-il.

Plusieurs PME bénéficieraient aussi, selon le professeur, de se constituer un conseil aviseur qui, contrairement à un conseil d'administration, n'a pas de pouvoir décisionnel. «L'idée, c'est d'aller chercher des gens de secteurs complémentaires pour porter un regard extérieur sur l'entreprise. Cela peut vraiment amener les propriétaires de PME à envisager de nouvelles options.»