Les bulletins de nouvelles et les manchettes de nos journaux ne s'entendent pas tous sur l'état de notre économie et les perspectives pour l'an prochain. Mais si l'on en croit les augmentations de salaire prévues l'an prochain, ce sera vraisemblablement une timide reprise.

La plupart des firmes-conseils en rémunération ont publié les résultats de leurs sondages sur les tendances en matière de rémunération pour l'année 2010. Tout semble indiquer qu'une majorité d'entreprises vont octroyer des augmentations de salaire, mais elles vont ressembler à celles de 2009 et seront, par conséquent, passablement plus basses que celles accordées dans les dernières années. Les données de Hay Group montrent que les budgets d'augmentation de salaire des entreprises québécoises se situeront aux alentours de 2,5 %, tous secteurs confondus. Il faut cependant faire attention à cette moyenne, car nous avons observé de grandes variations entre les différents secteurs de l'économie. Comme vous l'imaginez, certains secteurs, comme celui des pâtes et papiers, s'en tirent beaucoup moins bien que d'autres, si on les compare au secteur financier et au secteur minier où le contexte semble beaucoup plus favorable. Aussi, les employés syndiqués dont les conventions collectives ont été signées en des temps plus prospères auront la chance d'obtenir de meilleures augmentations.

Comme travailleur, comment peut-on tirer son épingle du jeu dans ces temps difficiles? Cela dépend de la situation particulière de votre employeur et de son secteur d'activité. Certains se battront encore pour leur survie en 2010 et si c'est le cas de votre employeur, la meilleure chose à espérer est qu'il puisse éviter des supressions de postes et maintenir les niveaux de salaire actuels. Le gel des salaires, auquel environ 35 % des organisations canadiennes ont eu recours pour au moins un de leurs groupes d'employés, risquent encore d'être en vigueur en 2010.

Si votre employeur évolue dans un secteur moins touché par la récession et qu'il est en bonne position financière, il est important de démontrer votre valeur ajoutée en tant qu'employé et d'aller chercher au moins l'augmentation équivalant au budget et même plus si vous le pouvez. Avec des augmentations de salaires de 2,5 %, les entreprises vont en général attribuer une plus grande part du gâteau aux employés qui ont eu un rendement exceptionnel et à ceux qui ont les compétences pour contribuer à long terme au succès de l'organisation.

Notre sondage auprès des employeurs canadiens a également révélé que l'engagement des employés était en tête de liste des priorités des services des ressources humaines pour la prochaine année. L'engagement des employés est notamment suscité par un travail stimulant, un environnement de travail adéquat et des possibilités de développement. Dans un contexte où l'argent disponible pour la rémunération est limité, vous pouvez peut-être demander à suivre une formation que vous souhaitez depuis longtemps, ou à travailler à un projet qui vous permettra d'acquérir certaines compétences. Ces demandes pourraient être mieux accueillies cette année et, qui sait, pourraient s'avérer à long terme plus profitables pour vous qu'une faible augmentation de salaire dont une bonne partie ira au gouvernement sous forme d'impôts...  Bonne chance!

Jérôme Côté, CRHA, est chef de pratique, Rémunération chez Hay Group.

Dès lundi, vous retrouverez le texte de cet article dans le portail de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés: www.portailrh.org