Qui n'a jamais rêvé de devenir son propre patron? En période d'incertitude économique, les travailleurs sont plus nombreux à faire le saut. Mais avant de se lancer dans cette aventure, il est important de bien se renseigner pour éviter les lendemains qui déchantent.

«Dans la conjoncture actuelle, assurer son avenir financier en se lançant à son compte présente un intérêt, plus particulièrement si on a perdu son emploi ou si on éprouve de la difficulté à en trouver un», dit Carl Thibeault, planificateur financier et directeur régional du bureau de Québec-Lebourgneuf au Groupe Investors. Ce n'est pas qu'une question d'argent. «C'est la liberté, dit Jean-Benoît Nadeau, journaliste indépendant et auteur du Guide du travailleur autonome, publié chez Québec-Amérique. On peut organiser son horaire comme on le veut et ne pas se rapporter à un patron. Mais certains inconvénients accompagnent cette liberté. On devient responsable de ses outils de production et de ses assurances. En plus d'exercer son métier, on devient administrateur, vendeur et collecteur.»

Et c'est souvent là que le bât blesse. Pressés de toucher des revenus, bien des nouveaux travailleurs autonomes laissent tomber des étapes importantes avant de se lancer, ce qui conduit à des erreurs qui coûtent cher, souligne M. Thibeault.

«Un bon travailleur autonome qui veut travailler 40 heures par semaine doit être capable de produire en 22 heures ce qu'un salarié fait en une semaine, car le reste du temps, il faut qu'il administre», dit Jean-Benoît Nadeau.

L'administration

D'abord, il faut savoir quels éléments déterminent le statut d'un travailleur autonome. Essentiellement, c'est le fait d'être propriétaire de ses moyens de production et de contrôler son horaire, dit Jean-Benoît Nadeau. De plus, selon Revenu Québec, le travailleur autonome détermine lui-même l'endroit où le travail est accompli, et prend les risques financiers inhérents à son travail.

Outre les risques financiers, il ne faut pas oublier les risques reliés à la maladie ou à un accident. «Il est très important de se procurer des assurances professionnelles pour faire face à ces imprévus», dit Carl Thibeault. On doit donc prévoir un budget pour l'assurance invalidité et l'assurance santé.

Sans oublier de préparer sa retraite! N'ayant pas de régime de retraite auprès d'un employeur, le travailleur autonome a avantage à consulter un planificateur financier, car il doit construire son propre filet de sécurité pour ses vieux jours. Il doit aussi contribuer, comme tous les travailleurs, à la Régie des rentes du Québec. Cette contribution inclut la part de l'employeur.

Par contre, le travailleur autonome a l'avantage de pouvoir déduire de ses revenus un certain nombre de dépenses. Il peut déduire, entre autres, le matériel de bureau, le téléphone, une partie de son loyer s'il occupe un bureau à domicile, une part des frais d'automobile, ainsi que les frais de publicité et de formation.

Beaucoup de nouveaux travailleurs autonomes se demandent s'il vaut la peine de se constituer en société. Généralement, si vos revenus sont inférieurs à 100 000 $, les experts s'entendent pour dire qu'il ne vaut pas la peine de s'incorporer, une procédure qui coûte entre 600 $ et 1000 $ en honoraires d'avocats.

Finalement, il ne faut pas oublier que dès que son chiffre d'affaires atteint 30 000 $, le travailleur autonome doit percevoir la TPS et la TVQ. En dessous de 30 000 $, ce n'est pas obligatoire. Mais c'est avantageux sur le plan fiscal, car vous pouvez alors ajouter la taxe payée sur vos dépenses à vos frais déductibles, note M. Nadeau.

Quelques conseils

Jean-Benoît Nadeau est travailleur autonome depuis plus de 20 ans. Ses conseils aux débutants?

«Le plus important à savoir, c'est que si quelqu'un maîtrise bien son métier, cela lui prendra de six mois à un an avant d'atteindre son rythme de croisière, dit-il. Il faut donc un coussin financier pour passer au travers. Et pour un jeune qui ne maîtrise pas encore son métier, ce sera avant tout une question d'investissement en termes de temps.»

Selon lui, le plus grand défi est de trouver un équilibre entre la persévérance et l'adaptabilité. «Il faut être à la fois tenace et capable de s'adapter si on constate que ce que l'on veut faire n'est pas possible, dit-il. En cours de route, il est possible que l'on découvre qu'on serait meilleur dans autre chose. Il est important de bien se connaître, car il faut constamment se remettre en question.»