Vous avez toujours rêvé de travailler sur les plateaux de tournage de grandes productions étrangères? Après des mois de vaches maigres dans l'industrie, il se pourrait bien que ce soit le temps idéal pour tenter votre chance!

Découragés par les temps difficiles des derniers mois sur les plateaux de tournage, plusieurs travailleurs ont jeté l'éponge et décidé de se réorienter, constate Hans Fraikin, commissaire national au Bureau du cinéma et de la télévision du Québec. «Cela laisse donc des postes à combler. Depuis environ un mois, on est à la recherche de directeurs de production, de comptables de production, de régisseurs d'extérieur, de directeurs artistiques et de candidats dans le domaine de la construction», précise M. Fraikin.

Depuis le début de 2009, les tournages étrangers ont engendré des retombées de 110 millions de dollars. C'est donc déjà mieux qu'en 2008, alors qu'elles n'avaient été que de 80 millions pour l'année complète. Pourtant, en 2007, ils avaient atteint un sommet de 270 millions. La chute vertigineuse des tournages a poussé le gouvernement du Québec à réagir, en annonçant en juin une bonification de ses incitatifs fiscaux pour les productions étrangères. La mesure la plus importante mise en place est le crédit d'impôt de 25 % sur les salaires qui s'applique maintenant à l'ensemble des frais de production engagés au Québec.

Manon Bougie, directrice de production pour des projets américains, remarque que, déjà, l'industrie se porte mieux. «Cette année, les gens travaillent assurément plus que l'an dernier, alors que nous étions dans le creux de la vague. Mais ils travaillent sur des productions locales plutôt qu'étrangères.»

Malgré tout, l'industrie prend du temps à se remettre de ses difficultés. «C'est encore tout de même assez tranquille présentement sur les plateaux de tournage étrangers, confirme Yanick Tremblay, directeur, département éclairage chez Locations Michel Trudel, aux studios Mel's. On est loin de 2007, avec toutes les superproductions américaines tournées ici. Mais je crois que ça reprendra et que 2010 sera une bonne année.»

Plusieurs raisons expliquent que les grandes productions américaines se font encore rares dans la métropole depuis l'annonce du gouvernement du Québec. «L'industrie se remet tranquillement de la grève des scénaristes américains qui s'est terminée l'an passé», indique Yanick Tremblay.

«Plusieurs projets américains ont de la difficulté à amasser du financement, en raison de la crise économique. Il y a donc moins de productions qui démarrent, mais l'annonce de la bonification des crédits d'impôt permettra certainement à Montréal d'attraper quelques projets américains», précise Manon Bougie, qui a travaillé cet été sur le plateau de Beastly, un film mettant en vedette Mary-Kate Olsen.

Redémarrer la machine, c'est aussi une question de temps, d'après Daniel Bissonnette, commissaire au Bureau du cinéma et de la télévision de Montréal. «Planifier un

tournage, ça prend des semaines, même des mois!»

Toutefois, il affirme que le téléphone ne dérougit pas depuis juin.

«La bonification des crédits d'impôt suscite de l'intérêt parce que nous avons davantage de demandes d'information. Des décisions importantes se prennent actuellement et d'ici au mois d'octobre, on pourra en voir l'impact.»

La production audiovisuelle (cinéma et télévision) compte environ 45 000 travailleurs au Québec, ce qui en fait une industrie comparable à celle de l'aérospatiale ou à celle des sciences de la vie.