Défi marketing, Omnium financier, Jeux du commerce, Relève publicitaire, alouette: les compétitions pleuvent dans nos collèges et nos universités, et spécialement dans les domaines reliés à l'administration.

Mais qu'arrive-t-il aux gagnants après avoir remporté les honneurs? Dans beaucoup de cas, les concours leur permettent de décrocher une entrevue, un stage ou même un emploi.

C'est ce qui est arrivé à Charles Gélineau. Après avoir remporté le premier prix au concours de la Relève publicitaire de l'Association des professionnels de la communication et du marketing avec cinq équipiers, ce diplômé de HEC Montréal a été choisi pour effectuer un stage rémunéré au sein de l'agence Bleublancrouge en tant que stratège média adjoint.

Une belle récompense pour un défi qui a demandé plusieurs heures de travail par semaine pendant trois mois, en plus de suivre les autres cours. «La participation au concours compte pour un cours, mais elle demande jusqu' à vingt-cinq heures de travail par semaine, dit Charles Gélineau. À la fin, c'était de quatre à six heures par jour.»

En plus d'avoir obtenu un stage dans son domaine, où la compétition est féroce, l'expérience a été vraiment formatrice. «C'est une opportunité de travailler sur un mandat beaucoup plus applicable à la réalité que les travaux scolaires, dit-il. Ça nous donne un aperçu du fonctionnement d'une agence, et des possibilités de créer des contacts avec des gens du milieu.»

Dans le cadre du concours de la Relève publicitaire, les 42 participants, qui provenaient de sept universités, ont du mettre sur pied une campagne publicitaire pour un client-partenaire. Cette année, c'est la compagnie Telus qui s'est prêtée au jeu. Les plans conçus par les étudiants devaient être soumis à des représentants de l'entreprise ainsi qu'à d'autres juges en provenance du milieu des communications et de la publicité qui donnaient leurs impressions à mi-parcours et à la fin. De plus, élément non négligeable, il est fort possible que les suggestions des étudiants soient retenues par l'entreprise et se concrétisent éventuellement sous les yeux du public!

La formule est populaire. Les élèves sont si nombreux à vouloir participer qu'il faut faire une sélection, explique René Gendreau, professeur invité au service d'enseignement du marketing de HEC Montréal.

«On recherche des gens qui sont capables de travailler en équipe, qui sont déterminés, qui ont des bonnes notes et de la facilité à s'exprimer et à convaincre, dit-il. Et ce qu'on recherche surtout, ce sont des gens qui n'ont pas peur de mettre du temps, car c'est très exigeant».

Reconnaissance du milieu

Selon M. Gendreau, les gens du milieu reconnaissent de plus en plus la force des étudiants qui participent à de telles compétitions, et même ceux qui ne gagnent pas le premier prix en ressortent avec un atout majeur à inscrire à leur CV.

Chez Bleublancrouge, au moins 10% des recrues embauchées au cours des dernières années proviennent des concours publicitaires, et la majorité y sont encore.

«On cherche des gens allumés, curieux, cultivés, qui se nourrissent de ce qui les entoure dans la vie quotidienne, dit Benoit Chapelier, associé et vice-président exécutif, services conseil à l'agence Bleublancrouge. Les concours mettent les étudiants dans une position favorable pour le développement car ils y passent de la théorie à la pratique, ils ont une date de tombée à respecter, la pression d'un véritable travail à rendre, et la critique est exprimée face à face, comme dans la vraie vie.»

Les étudiants qui participent à des concours sont bien vus des entreprises, même s'ils ne terminent pas premiers, car cela démontre leur motivation, selon Alexandre Gadoua, directeur de création à l'agence Taxi et membre du jury.

«Quelqu'un qui s'engage à faire cela, en partant, démontre qu'il ne veut pas seulement aller à ses cours, dit-il. Il démontre un intérêt plus marqué que les autres étudiants, et une prédisposition mentale à vouloir en faire plus pour entrer dans un milieu.»

Mais attention. Même si les concours ouvrent des portes, ils ne sont pas garants que l'on saura bien s'intégrer avec succès dans l'entreprise. «Ça ouvre des portes, et c'est une bonne chose, dit Stéphanie Rochford, présidente de Rochford, Groupe Conseil, une entreprise spécialisée en recrutement. Au départ, l'étudiant va obtenir des entrevues et les employeurs vont être intéressés. Par contre, ils recherchent aussi certaines aptitudes personnelles qui ne se démontrent qu'une fois rendu en milieu de travail.»

En effet, même si l'on est très doué, il ne suffit plus aujourd'hui d'être fort dans son domaine, mais d'avoir des qualités qui correspondent à la culture de l'entreprise, croit-elle.