Vous avez réussi à éviter le couperet et vous avez survécu à la dernière ronde de mises à pied dans votre entreprise? Vous pensez que vous pouvez enfin souffler un peu? Pas si vite.

Comme les entreprises qui se débattent dans cette économie chancelante effectuent des compressions un peu partout, les employés qui gardent le fort reçoivent des responsabilités additionnelles et voient leur charge de travail augmenter, tout cela pour compenser pour tous les employés qui ont été remerciés. Cela peut mener à de plus longues heures de travail et à des niveaux de stress accrus - ou pire.

Nora Spinks est la présidente de Work-Life Harmony, une firme internationale de recherche et de consultants de Toronto. Elle aide les employeurs à développer leurs politiques et leurs pratiques de relations de travail.

Dans le cadre de «Santé et sécurité Canada 2009», une conférence et foire commerciale organisée par l'Association pour la prévention des accidents de travail de Toronto, Nora Spinks a dirigé ce printemps un atelier appelé «Décharger la charge de travail: stratégies pour les surmenés, les surchargés et les surencombrés».

Selon Mme Spinks, pour que les survivants des compressions en milieu de travail restent à la surface, il devient primordial pour eux de garder les choses en perspective et de maintenir une attitude positive. Elle admet que cela peut être «ardu quand on a l'impression d'être en train de se noyer».

Et Nora Spinks a une information privilégiée pour tous les employés qui se sentent submergés. Elle trouve qu'il est important qu'ils sachent qu'ils ont probablement plus de pouvoir de négociation qu'ils ne le croient.

Par exemple, au lieu de simplement acquiescer à faire le travail de trois personnes, elle suggère aux travailleurs de poser plutôt plusieurs questions ouvertes à leurs supérieurs.

«Plutôt que de demander: «Comment je vais pouvoir faire cela?', elle suggère de reformuler de la façon suivante: «Dites-moi comment faire cela'. De cette manière, les patrons ne peuvent éviter de répondre, ni s'en sortir en répliquant: «Débrouillez-vous'.

«En procédant de cette façon, vous envoyez le message que vous prenez votre travail au sérieux, que vous êtes prêts à faire le boulot, mais vous établissez «qu'il n'y a que 24 heures dans une journée» et que vous n'êtes pas prêts à sacrifier votre santé, votre bien-être, famille et amis pour votre emploi, sans être impoli ni manquer de respect à vos supérieurs ou à vos collègues de travail.»

Bien qu'il puisse être bon d'exprimer ses préoccupations, Mme Spinks souligne que les employés devraient aussi tenter d'apporter des solutions concrètes aux problèmes qu'ils rencontrent et demander la permission de les mettre en oeuvre afin de rendre leur équilibre vie personnelle-travail plus viable.

Elle croit que la pire chose à faire est de se taire de peur d'être identifié comme un employé pleurnicheur et d'être le prochain licencié.

La gourou de gestion de carrière Barbara Moses croit que les travailleurs ont besoin de comprendre et de faire comprendre à leurs patrons que les employés qui donnent leur «150 pour cent» vont se brûler et devenir des coquilles vides qui ne pourront faire, au bout du compte, que 10 pour cent de leur travail.

«Vous devez vous rappeler que vous avez de la valeur et que vous apportez une contribution à votre entreprise, souligne Barbara Moses, qui vient de lancer une version revue et mise à jour de son guide de carrière et de vie «Demain je change de job!».

Mme Moses, qui est présidente de Human Ressources Consultants Inc., croit que bien que de nombreux travailleurs craignent de dire tout haut ce qu'ils pensent ou de dire non, au bout du compte, les employeurs ne veulent pas perdre leurs employés.

«Beaucoup de gens pensent que les patrons ne cherchent qu'à mettre tout le monde à la porte. Mais les employeurs intelligents savent que lorsque l'économie va reprendre le dessus, il va y avoir une pénurie de travailleurs qualifiés.»

Et en ce qui a trait aux stratégies pour les gestionnaires et les employeurs qui sont dans la position peu enviable de devoir supprimer des postes, Nora Spinks croit qu'ils doivent réfléchir à ce qu'ils souhaitent réellement accomplir: réduire le nombre d'employés ou réduire les coûts.

Elle a un autre conseil: si les mises à pied sont inévitables, il peut être avantageux d'offrir aux employés de prendre une année sabbatique ou des congés.

Mais avant tout, Mme Spinks croit qu'un dialogue franc doit être maintenu entre les gestionnaires et les employés. Elle trouve qu'il s'agit là d'un élément-clé pour résoudre des problèmes et finalement assurer le succès de l'entreprise, à la fois pour sa gestion interne et pour sa performance sur les marchés.

«Il faut rester honnête. Il ne faut pas dire que quelque chose va comme sur des roulettes quand ce n'est pas le cas. Cela vaut autant pour les employeurs qui essaient de dorer la pilule que pour les employés qui sont à bout de souffle.»