Diane Drolet a une passion : le bénévolat. Et pas n'importe lequel ! Depuis plus de 10 ans, cette préretraitée manie la hache, la scie et le pic à glace pour construire des structures destinées aux compétitions de ski acrobatique.

Sa plus grande récompense ? L'amitié et la reconnaissance des athlètes avec qui elle a l'occasion de discuter régulièrement.Il y a deux ans, le jour de son anniversaire, le champion du monde de ski acrobatique Steve Omischl lui a fait parvenir son dossard jaune, sa tuque officielle des JO de Vancouver et une veste qu'il portait lors de la Coupe du monde, en Italie. Il soulignait par ce cadeau ses 10 ans comme bénévole.

«J'en avais les larmes aux yeux», se souvient-elle.

Diane Drolet n'est pas au bout de ses émotions. En février prochain, elle sera bénévole aux Jeux olympiques d'hiver de Vancouver, avec 25 000 autres personnes.

Selon Gabriel Bouchard, président de Workopolis, qui gère les candidatures, il s'agit du plus gros appel de bénévoles jamais survenu au Canada. Aux JO de Calgary, en 1988, on en avait recruté 10 000. C'est tout un défi pour le site de recrutement en ligne.

«Les Jeux font travailler tous les corps de métiers imaginables, dit Gabriel Bouchard. Nous avons besoin de gens pour l'accueil, mais il y a aussi des postes spécialisés, comme des médecins, des électriciens, des conducteurs de camion et des agents de sécurité.»

L'expérience vous tente ? Sachez que si vous répondez aux critères, vos chances sont plutôt bonnes d'être choisi, surtout si vous parlez plus d'une langue. Jusqu'à maintenant, 64 000 personnes ont posé leur candidature. C'est donc dire que chaque candidat a un peu plus d'une chance sur trois d'être sélectionné !

Pour être candidat, il faut être âgé d'au moins 19 ans au 1er septembre prochain et prêt à assumer le coût du transport jusqu'à Vancouver. On recommande aussi fortement de prévoir un lieu d'hébergement. Le Comité d'organisation des Jeux olympiques a mis sur pied un programme d'hébergement dans des familles, mais il n'y aura pas de place pour tous.

Selon Gabriel Bouchard, lui-même bénévole aux JO de Montréal en 1976, l'expérience vaut le déplacement.

«Les Jeux sont une chance de participer à quelque chose d'exceptionnel, de faire partie de cette communauté et de créer des amitiés», dit-il, soulignant que des gens voyagent très loin pour être bénévoles aux Jeux et se retrouvent de fois en fois.

Les avantages d'être bénévole

On peut faire du bénévolat dans tous les domaines : environnement, organisations religieuses, caritatives ou autres. Mais au Canada, c'est dans la catégorie des sports et des loisirs que l'on retrouve le plus grand nombre de bénévoles, avec 22 %, selon Raymond Côté, président de Sports-Québec.

Ce professeur d'éducation physique à la retraite est bénévole dans le sport depuis 1967. Arbitre au volleyball, il a participé aux Jeux de Montréal, à ceux de Los Angeles et à plusieurs coupes du monde.

Selon lui, le bénévolat contribue au développement de la personne. Quand il s'agit de compétitions internationales, il permet d'entrer en contact avec des gens de cultures différentes. Les compétitions sportives fournissent des occasions de travailler dans un contexte parfois stressant, ce qui apprend aux bénévoles à maîtriser différentes situations.

Il permet aussi de se démarquer.

«Depuis quelques années, les chefs d'entreprises s'intéressent à ce que les gens font en dehors de leur carrière, dit M. Côté. Quand on regarde le C.V., ça donne un portrait plus complet de la personne.»

Un point de vue partagé par Gabriel Bouchard. «Un employeur qui arrive avec deux candidats en sélection finale, à talent égal, favorisera celui qui a démontré son implication sociale et son intérêt à aider les autres sans rémunération», dit-il.

Pour les personnes en perte d'emploi, faire du bénévolat aide à faire partie de la communauté, à entrer en lien avec les autres et à ouvrir des portes.

«Le bénévolat permet de retrouver le droit de s'exprimer et d'être reconnu par les autres, souligne Denis Nantel, président du Réseau de l'action bénévole du Québec. C'est une façon de maintenir l'estime de soi qui peut servir de tremplin vers la recherche d'emploi.»

Reconnaissance

L'expérience bénévole est en voie d'être reconnue officiellement. Le Secrétariat de l'action communautaire autonome et aux initiatives sociales met présentement sur pied un programme de reconnaissance, qui fait ses débuts à Québec et sera étendu à d'autres régions.

On a développé un système d'unités de mesure permettant d'évaluer l'acquisition des compétences et de l'expérience, qui seront indiquées sur un certificat.

Mais pour Raymond Côté, de Sports-Québec, il ne faut pas perdre de vue l'essentiel.

«Si on peut joindre l'utile à l'agréable, tant mieux, dit-il. Mais bâtir un C.V. ne devrait pas être la seule raison de faire du bénévolat. Ce serait bien trop carriériste ! On ne doit pas oublier que lorsqu'on est bénévole, ce n'est pas pour soi qu'on le fait, mais pour les autres.»