Annie Parent devait recevoir sa réponse mardi. «Je ne l'ai pas eue encore», lance-t-elle, deux jours plus tard. Cette réponse, c'est son acceptation ou son refus à la deuxième étape de la mesure de Soutien au travail autonome.

C'est important. Une réponse positive lui permettrait de mettre sur pied sa petite entreprise tout en étant rémunérée pour le faire.

 

Titulaire d'une maîtrise en sciences, elle a étudié en gestion de l'environnement. Mais elle voulait avoir son entreprise à elle. En quête d'idées et de conseils, elle s'est inscrite l'automne dernier à une formation donnée par Marie Brouillet, du Centre d'entrepreneuriat féminin de Montréal. «J'ai eu l'idée une semaine avant le cours», raconte Annie Parent. Elle serait écoconsultante pour l'industrie de la transformation alimentaire. Objectifs durabilité et zéro rejet. «Le cours avec Marie a confirmé que c'était la bonne voie, que ça venait vraiment me chercher.»

Étape suivante: être admise à la mesure de Soutien au travail autonome d'Emploi-Québec.

«Dans le contexte économique actuel, où les gens perdent leur emploi, cette mesure permet à une personne prestataire de la sécurité du revenu ou de l'assurance emploi de recevoir, à certaines conditions, un soutien technique pour devenir travailleur autonome», explique Suzie Loubier, directrice générale de l'Association des CLD du Québec.

Ce programme se déploie en deux volets. Durant le premier, d'une durée de 12 semaines, l'apprenti entrepreneur suit un cours où on lui apprend à rédiger un plan d'affaires.

Annie Parent avait été prestataire de l'assurance emploi moins de deux ans auparavant, ce qui lui permettait de poser sa candidature. Elle a présenté son dossier devant un comité du SAJE Montréal Métro au début février. Le jour même, elle a reçu son aval. «Deux semaines après, raconte-t-elle, je commençais la formation sur le plan d'affaires.»

Dans le second volet, d'une durée maximale de 40 semaines, l'entrepreneur lance son entreprise avec le soutien technique du CLD local (ou, à Montréal, d'un SAJE).

Dans l'un et l'autre volet, le participant reçoit également un soutien au revenu, qui consiste en une allocation hebdomadaire équivalant à 40 heures au salaire minimum. Ceux qui touchent déjà des prestations de l'assurance emploi les reçoivent jusqu'à la fin de leur période d'admissibilité.

«Le soutien financier, pour moi, est essentiel, exprime Annie Parent. Il m'aurait fallu beaucoup plus de temps pour mettre au point mes services et développer mon projet s'il avait fallu travailler à temps plein en même temps.»

Une étude réalisée en 2005 a montré que 73% des entreprises créée avec le Soutien au travail autonome étaient toujours en activité deux ans après leur démarrage. «Ce qui fait la différence, c'est vraiment l'entrepreneur, soutient Frédéric Loprieno, directeur gestion croissance au SAJE-Montréal Métro, et par là j'entends son expérience, ses capacités d'apprendre, sa résistance au stress. Et aussi, évidemment, le réalisme du projet.»

Le second volet n'est pas automatique. Le participant doit présenter son plan d'affaires devant le comité qui a accepté son projet initial. C'est ce qu'a fait Annie Parent, le 8 mai dernier. Et c'est la réponse qu'elle attend impatiemment, prête à foncer au signal du départ. «Je ne vois pas ma vie autrement, s'exclame-t-elle. Je le fais avec tout mon coeur et tout mon ventre.»

Elle a promis d'appeler si la réponse tombait avant la fin de la journée.