On s'en doutait depuis quelque temps déjà, mais voilà que le patron l'annonce en enfilant ses gants blancs. «Madame, Monsieur, nous vous remercions de vos services. Vous pouvez désormais chercher un autre emploi.»

La nouvelle a l'effet d'une bombe. Perdre son gagne-pain constitue une des épreuves les plus difficiles qui soient. «La personne qui perd son travail est extrêmement ébranlée, constate Louise Lambert, coach de vie personnelle et professionnelle. Il faut travailler à rétablir sa confiance pour que ce revers ne lui nuise pas ultérieurement en entrevue.»

 

Généralement, le processus de congédiement ne s'effectue pas du jour au lendemain. Le patron est tenu d'avertir l'employé de sa conduite fautive avant de le renvoyer, afin que celui-ci puisse se corriger. Lors d'un licenciement - une suppression de postes pour des raisons économiques ou technologiques - le mécanisme est différent. L'employeur doit avertir le ministre du Travail si dix travailleurs ou plus sont renvoyés.

«Le non respect de la gradation des sanctions constitue une des erreurs les plus fréquemment commises par les employeurs, estime Me Andrée Dolan, avocate pratiquant en droit du travail. Mal à l'aise d'avertir l'employé répréhensible, ils attendent sans rien dire et le congédient trop souvent sur un coup de tête.»

Lorsque la décision est prise, les Normes du travail prévoient qu'un employeur doit laisser à l'employé une à huit semaines avant la date prévue pour la fin de l'emploi, selon son ancienneté. Mais est-ce sain de rester au boulot alors que l'on a le moral dans les talons?

Paradoxalement, oui, semble indiquer Carolyn Cohen. «C'est comme pour un conjoint: c'est toujours plus facile de trouver un emploi alors que l'on en a déjà un, estime la consultante en ressources humaines. Parfois, les employeurs sont suspicieux à l'égard des gens qui ne travaillent pas et ce, même quand la situation économique est difficile.»

Se reprendre en main

Avant de remettre la main à la pâte, il est toujours bon de s'allouer un petit moment d'introspection, conseille Louise Lambert. Il faut prendre conscience de ses accomplissements et de ses failles, afin d'éviter les situations d'emploi qui pourraient être trop similaires à celles que l'on a vécues dans le passé.

«Il faut réaliser en quoi cela a été bénéfique d'être remercié. En rétrospective, les gens se rendent souvent compte qu'ils n'étaient pas au bon endroit et que leur renvoi leur a permis de rebondir sur quelque chose de beaucoup plus intéressant», dit-elle.

Les étapes pour trouver du boulot après avoir été congédié ou licencié ne diffèrent pas de celles que l'on suggère à ceux qui cherchent un premier emploi: il faut d'abord adopter une attitude positive afin de se mettre en valeur dans le marché. Remettre son curriculum vitae à jour et rédiger une bonne lettre de présentation constituent la pierre angulaire de cette quête parfois ardue. On conseille enfin de contacter directement des entreprises, même si celles-ci ne recrutent pas nécessairement de personnel pour le moment.

Après un congédiement, l'idée d'avoir à expliquer les motifs de son renvoi à un éventuel employeur peut être plutôt angoissante. Doit-on altérer la réalité pour autant? Tous les spécialistes consultés par La Presse s'entendent sur un point: il vaut toujours mieux être honnête.

«Si l'on préfère ne pas aborder l'emploi duquel on a été remercié, on peut présenter en entrevue toutes les expériences de bénévolat ou d'implication sociale et citoyenne que l'on a eues durant cette période, conseille Liette Constantin, conseillère au développement des affaires pour Accès-Tavail Montréal.»

L'autre option consiste à donner des références de collègues qui nous appréciaient, plutôt que celles de l'ancien patron, note-t-elle.

«Il faut démontrer que l'on a énormément appris de ses erreurs et signifier à l'éventuel employeur son désir d'en apprendre davantage par le biais de nouvelles formations», ajoute Carolyn Cohen.

Chercher au temps de la crise

Avec la crise économique actuelle et les annonces de licenciements qui ne cessent de se multiplier, les organismes qui viennent en aide aux nouveaux chômeurs sont débordés.

«Dans Hochelaga-Maisonneuve et les environs, on estime qu'il y a présentement une augmentation de 30% des demandes d'assurance-emploi comparativement à la même période l'an dernier, souligne Liette Constantin.

Malgré toute l'ardeur qu'ils déploient à chercher un nouveau boulot, nombreux sont ceux qui se butent à des portes closes.

«Les employeurs prévoient qu'ils seront davantage à la recherche de personnel aux mois d'avril ou de mai», observe-t-elle.