Malgré les mises à pied qui pleuvent depuis quelque temps, il semble que les employeurs canadiens ne cèdent pas tous à la panique. Deux sondages et une étude publiés récemment le démontrent.

Selon un sondage mené par la firme Mercer à la fin janvier, la majorité des entreprises canadiennes seront prudentes en 2009 concernant la réduction des effectifs ou la baisse de la rémunération et des avantages sociaux.

 

Concernant la rémunération, 70% des employeurs affirment ne pas prévoir de gel des salaires en 2009. Toutefois, ceux qui ont l'intention d'accorder des augmentations seront moins généreux que prévu. Et plus le temps passe, plus les augmentations envisagées par les patrons rétrécissent!

Selon le sondage, la hausse moyenne des salaires sera de 3,1%. En août 2008, les employeurs prévoyaient une hausse de 3,8%, tandis qu'en octobre, la hausse prévue avait déjà diminué à 3,5%. Si l'on tient compte des entreprises qui gèleront effectivement les salaires, soit 17% d'entre elles, l'augmentation moyenne prévue sera donc de 2,6%.

«On constate que les employeurs cherchent à bien contrôler la croissance des coûts, mais sont soucieux de ne pas prendre de mesures drastiques pour éviter de se retrouver en mauvaise position quand la reprise se pointera», dit Georges Cabana, conseiller principal chez Mercer.

Enquête internationale

Pour sa part, Mercer a procédé à une enquête auprès de plus de 1000 professionnels des ressources humaines dans plus de 100 pays, intitulée «En des temps sans précédent». Il en ressort que les employeurs canadiens sont plus optimistes que ceux des autres pays.

À savoir s'ils prévoyaient procéder à une réduction substantielle des effectifs, un quart des répondants canadiens ont dit oui, contre un tiers des employeurs à l'échelle mondiale.

De nombreux employeurs canadiens envisagent de diminuer l'embauche en général et de restreindre les augmentations de salaire. Mais ils prévoient malgré tout de continuer à embaucher du personnel, notamment dans les domaines de compétences clés.

«Les stratégies visant à garder les employés et l'embauche sélective de ressources clés doivent demeurer des priorités», dit Georges Cabana. De plus, selon lui, les employeurs seront dorénavant plus ouverts à des solutions alternatives aux mises à pied, comme le partage du temps de travail.

«C'est une leçon tirée de récessions précédentes, où parfois, des mesures trop drastiques ont mené les entreprises à se retrouver à court de personnel lors de la reprise», ajoute le conseiller.

Avantages sociaux

Un autre sondage a été mené en janvier par l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés à l'échelle québécoise. Les résultats indiquent que 84% des travailleurs dont l'employeur contribue au REER affirment qu'en 2009, malgré la crise économique, cette contribution sera égale ou supérieure à celle de l'an passé.

«Dans un contexte d'affaires plus difficile, les employeurs peuvent être tentés de couper dans certains avantages sociaux, dit Florent Francoeur, président-directeur général de l'Ordre. Cependant, ce n'est pas une bonne stratégie pour garder les troupes motivées et productives. Ce sondage nous montre que les employeurs québécois l'ont bien compris.»

Mais si les employeurs ont compris, ils ne se font pas assez rassurants auprès du personnel. Selon l'enquête de Mercer, 41% des répondants canadiens font état d'importantes préoccupations chez les employés concernant l'incidence de la crise financière sur leurs placements de retraite.

Ils se disent inquiets de la santé de leur entreprise à 24%, et 23% d'entre eux s'inquiètent de leur sécurité d'emploi.

«Si on regarde les nouvelles télévisées et les autres médias, énormément d'espace est accordé aux décisions prises par les entreprises, comme les mises à pied, les licenciements et les difficultés financières, dit Georges Cabana. Avec le nombre de messages que les gens reçoivent dans une semaine, cela se traduit par une inquiétude dans une portion importante des employés.»

Les employeurs devraient investir davantage de temps et d'énergie dans la communication avec leur personnel, car ces inquiétudes entraînent une baisse de productivité et de loyauté, croit M. Cabana.

«Les entreprises doivent faire en sorte que leurs employés aient un portrait clair de la santé de l'organisation, et des actions stratégiques qui seront mises en oeuvre pour passer au travers, dit-il. Il faut aussi que les employés sachent ce qu'ils peuvent faire, concrètement, pour aider l'entreprise.»