Vous êtes sur le marché du travail depuis des années, mais vous venez de perdre votre emploi. Ou encore, vous détestez ce que vous faites et rêvez de prendre un nouveau départ en passant par les bancs d'école, mais pour cela, il vous faut de l'argent.

Si vous n'êtes pas admissible aux prêts et bourses du gouvernement, ou que vous ne souhaitez pas vous endetter, vous vous demandez comment financer ce retour aux études. Une solution existe, mais elle est peu connue: le Régime d'encouragement à l'éducation permanente (REEP).

Ce régime permet de retirer de l'argent de ses REER pour un maximum de 10 000$ par année, jusqu'à concurrence de 20 000$ au total, pour financer ses études à temps plein, sans aucun impact fiscal. Si cette somme est insuffisante et que votre conjoint possède des REER, vous pouvez également y puiser 20 000$. Les sommes retirées sont non imposables.

Le remboursement se fera par tranches annuelles équivalent à un dixième du montant total retiré et sera étalé sur un maximum de dix ans. Si vous retirez 10 000$ de vos REER, vous rembourserez donc 1000$ par année pendant dix ans, sans intérêts.

Est-ce un outil avantageux?

«Il n'y a pas de réponse universelle à cette question, dit Louis-Philippe Barrette, vice-président et conseiller en placements chez TD Waterhouse. Il faut examiner chaque situation au cas par cas, au besoin avec son conseiller financier ou son comptable.»

Car il ne faut pas oublier que le fait de puiser des sommes dans son REER aura un impact sur la retraite. Pendant que l'argent est retiré du REER, il ne fructifie pas. «De plus, dans le présent contexte, où beaucoup de REER ont perdu du rendement, ce n'est pas le meilleur moment pour retirer ses billes», dit M. Barette. Tout dépend de ses priorités, mais aussi de son âge.

«S'il s'agit d'une personne à la fin de la trentaine ou au début de la quarantaine, elle dispose d'un horizon de temps plus long pour rattraper les gains perdus, dit Louis-Philippe Barette. Mais si c'est quelqu'un dans la cinquantaine, avec un potentiel d'emprunter et une hypothèque complètement payée, une meilleure alternative serait peut-être d'emprunter sur la valeur de sa maison.»

Il faut aussi considérer le potentiel de revenus additionnels que l'on ira chercher grâce au diplôme obtenu. «On doit regarder les options gagnantes et perdantes par rapport au marché de l'emploi. Si une personne est dans un secteur en déclin, comme par exemple les pâtes et papiers, et qu'elle veut se recycler dans un secteur plus demandé, ça peut être une bonne option», ajoute le conseiller.

Sans compter l'aspect humain. «Si un individu n'aime pas son emploi et que ça devient un calvaire, se recycler dans un emploi que l'on aime est un facteur important à considérer», dit-il.

Prenons un cas fictif. Louise, 32 ans, travaille comme réceptionniste et gagne 30 000$ par année. Elle décide de retourner aux études pour faire un baccalauréat en administration. Si elle obtient le salaire moyen d'un bachelier en administration grâce à son diplôme, soit 40 000$, elle aura gagné au moins 280 000$ de plus au total, en prenant sa retraite à 60 ans. Et ce, sans tenir compte des augmentations de salaire éventuelles. Dans de telles conditions, le REEP est très avantageux pour Louise.

Vous n'avez pas de REER? Il est possible d'emprunter pour contribuer à ses REER pour ensuite y puiser, comme on le fait dans le cadre d'un Régime d'accès à la propriété (RAP). Mais dans ce cas-là, comme pour le RAP, il faut attendre 90 jours avant de pouvoir accéder aux fonds.

Changer son train de vie

Quel que soit le mode de financement de votre retour aux études, avant de plonger, vous devrez nécessairement vous préparer à diminuer votre train de vie et à faire des sacrifices.

Une auto est-elle vraiment nécessaire? Pourriez-vous vivre dans un logement plus petit? Si vous avez un conjoint et des enfants, sont-ils prêts à participer aux efforts pour réduire les dépenses familiales? Travaillerez-vous à temps partiel ou vous consacrerez-vous entièrement à vos études?

Toutes ces questions sont à soupeser avant de retourner aux études. Faire un budget en tenant compte de la baisse de revenus est une étape essentielle pour s'éviter beaucoup de stress et s'assurer la réussite.