Le blitz de négociations des derniers jours n'ayant pas permis d'arriver à une entente, les 5 500 employés de magasins et de bureaux de la Société des alcools s'enlignent pour 18 journées supplémentaires de grève.

Réunis hier au stade olympique, les syndiqués ont voté à 96% en faveur de la proposition de leur exécutif syndical de continuer leur combat.

«C'est un résultat très clair qui nous aide à poursuivre notre travail», a commenté Katia Lelièvre, la présidente du Syndicat des employés de magasins et de bureaux de la SAQ.  Une rencontre est prévue avec la partie patronale dimanche.

L'employeur a reculé sur certains points, il a renoncé par exemple à déplacer 100 postes vacants vers un horaire incluant deux jours de fin de semaine, mais ce n'est pas assez, selon le syndicat.

La précarité du travail pour les employés à temps partiel est toujours un problème majeur, estime la présidente du syndicat. Selon elle, il n'est pas normal que des employés restent surnuméraires pendant 10 ou 12 ans, sans avantage sociaux, dans une société d'État aussi rentable que la SAQ.

« La SAQ est rentable et les cadres ont tous eu leurs bonis liés à la performance en 2017, sans avoir vendu une seule bouteille », a-t-elle lancé.

Le sort des employés de la SAQ n'a pas soulevé beaucoup de discussions dans la campagne électorale qui s'achève. Le président de la Confédération des syndicats nationaux, Jacques Létourneau, qui s'est adressé à plus de deux mille employés réunis au stade olympique, a promis de continuer de talonner le parti qui formera le gouvernement lundi prochain pour mettre fin à cette injustice.

« C'est inacceptable pour une société d'État. Le gouvernement ne leur n'offre même pas ce que les autres employés de la fonction publique ont eu », a-t-il souligné.

Enjeux monétaires

La question monétaire est un enjeu important de la négociation. À la SAQ, un caissier vendeur au sommet de l'échelle touche 24,81$ l'heure et un employé à temps partiel gagne 19,33$ l'heure.  

La SAQ offre des augmentations totalisant 5,25% sur cinq ans.

La présidente du syndicat reconnaît que les conditions de travail des employés de la SAQ font l'envie de beaucoup de travailleurs du secteur privé, surtout dans le commerce de détail où le salaire minimum est la norme. « On se le fait souvent dire. Mais il faut considérer que si tu gagnes 19,33$ de l'heure et que tu travailles trois heures par semaine, tu ne paies pas ton épicerie. Je ne pense pas qu'on est surpayés, mais plutôt qu'on devrait faire plus pour ceux qui gagnent moins ».

Des revenus en moins

C'était hier la cinquième des six journées de grève déjà annoncées par le syndicat. La dernière des six et les 18 autres prévues auront lieu à des moments choisis, selon l'évolution des négociations.

À la Société des alcools du Québec, on refuse de dire quel impact ont eu ces journées de débrayage et auront sur les ventes en magasin. « On n'a pas de chiffres là-dessus », a indiqué hier le porte-parole de l'entreprise, Mathieu Gaudreault.

Comme elle le fait depuis le début du conflit, la SAQ maintient certains magasins ouverts à des heures réduites. Hier, à Montréal, neuf succursales ont ouvert leurs portes à compter de 13h. Hier, la présidente du syndicat a répété qu'il n'était pas question d'une grève générale illimitée, mais de faire pression sur la SAQ pour ne pas s'appauvrir.

Selon Katia Lelièvre, 582 employés à temps partiel ont démissionné depuis un an, soit 10% de l'effectif total, parce qu'ils ne pouvaient pas gagner leur vie.