Le président de La Maison Simons, Peter Simons, «s'en va en guerre» contre les Amazon de ce monde. Le gouvernement Couillard lui octroie un prêt de 81 millions pour construire à Québec un nouveau centre de traitement des commandes en ligne, dont l'ouverture est prévue pour 2020.

Ce prêt, qui «n'est pas une subvention», a-t-on martelé mardi en point de presse, est accompagné d'une prise de participation en capital-actions dans l'entreprise, alors que la Caisse de dépôt et placement du Québec y investit 27 millions et Investissement Québec 17 millions. 

«On s'en va en guerre. (...) Les Amazon de ce monde ont d'autres valeurs, mais moi, j'ai mon équipe, j'ai confiance. On va partir en guerre, on va innover comme on le fait depuis 10 ans. On va construire tout ça, ici, à Québec», a dit M. Simons, mardi, accompagné entre autres de la ministre de l'Économie Dominique Anglade. 

Des 81 millions prêtés par Québec, 51 millions serviront à acheter de l'équipement robotisé pour le nouveau centre consacré au commerce électronique. Les 30 millions restants sont investis pour transformer le centre de distribution actuel en un «accélérateur de commerce électronique» où «des artisans [et] des petites entreprises [pourront] bénéficier d'un ensemble de compétences et de services développés par Simons au fil du temps.»

Le Fonds Immobilier de solidarité FTQ injecte pour sa part 20 millions pour l'achat du terrain et la construction du nouveau centre, dont Simons sera «locataire à long terme [des] nouvelles installations.»  

Pourquoi Québec ?

Cette prise de participation publique dans Simons, fondée en 1840 à Québec, n'est pas anodine pour la famille qui en est propriétaire. Elle ouvre ainsi «pour la première fois de son histoire» La Maison Simons à des partenaires externes.  

En conférence de presse, Peter Simons a affirmé qu'il aurait pu s'allier à des partenaires privés pour construire son nouveau centre de traitements des commandes en ligne. Or, l'homme d'affaires de Québec souhaite surtout préserver les valeurs de son entreprise, a-t-il dit, rappelant que le siège social de Simons est situé dans la capitale nationale. 

«Il y avait d'autres options comme les marchés publics ou d'autres investisseurs plus agressifs, mais c'est une question de valeur. (...) Nous voulons des partenaires qui ont la volonté, la patience et la vision de [maintenir] une entreprise de qualité avec une vision long terme», a dit le président de l'entreprise.

«Nous parlons d'investissements et de partenariat pour le gouvernement du Québec. Nous faisons le choix de faire cet investissement parce que nous savons qu'il va apporter à l'ensemble des Québécois», a pour sa part défendu la ministre Dominique Anglade. 

Selon elle, investir dans le commerce de détail - qui connaît d'importants bouleversements avec la croissance rapide de l'économie numérique - est tout de même fondamental. «C'est près de 500 000 emplois au Québec», a rappelé la ministre. La construction d'un nouveau centre de traitement des commandes en ligne permet de «consolider» près de 450 emplois au sein de l'entreprise.   

Le maire de Québec, Régis Labeaume, a pour sa part félicité Peter Simons d'avoir choisi la capitale plutôt qu'une autre région du Canada pour construire son nouveau centre de commerce électronique. 

«ll n'était pas obligé de s'établir à Québec. Simons est présent partout au Canada», a-t-il rappelé.

«La question, c'est ça: est-ce qu'on est capable ici, à Québec, d'avoir l'ambition, la passion, la vision et le courage de construire une entreprise de classe mondiale ? Mon frère et moi, on a dit oui», a dit M. Simons. 

L'opposition réagit 

À Québec, les partis d'opposition ont souligné à grand trait mardi que le gouvernement Couillard investit dans Simons puisqu'il n'impose pas la perception de la taxe de vente provinciale aux fournisseurs étrangers de biens tangibles, comme Amazon.

«Si on veut vraiment aider Simons, on devrait (...) lui donner une capacité concurrentielle plus forte. [En] ce moment, ses compétiteurs américains ont 15 % moins cher pour les mêmes produits, parce qu'ils ne sont pas taxés. C'est ça qui tue les entreprises au Québec, c'est ça qui tue les centres-ville au Québec», a affirmé le chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée. 

«S'il n'y avait pas une concurrence déloyale des plateformes de vente par Internet, le contribuable n'aurait pas à faire ce genre d'aide», a pour sa part dit Amir Khadir de Québec solidaire.