Second Cup envisage d'offrir un autre genre de «buzz» à ses clients en convertissant certains de ses cafés en boutiques de cannabis et, aux endroits où ce sera permis, en fumoirs.

Second Cup a indiqué s'être joint à la société de services National Access Cannabis (NAC) pour développer et exploiter un réseau de magasins consacré à la consommation récréative de cannabis. Cependant, aucun des deux partenaires ne détient encore de permis pour vendre de la marijuana; l'entente reste donc conditionnelle à l'obtention du feu vert des gouvernements, ainsi qu'à celui des franchisés et des propriétaires.

L'annonce de la chaîne de cafés a dopé son action, qui a pris jeudi 79 cents, soit 28,7 %, à la Bourse de Toronto où elle a clôturé à 3,54 $.

Si la réglementation le permet, les deux entreprises envisagent d'ouvrir des «salons» où le cannabis pourrait être consommé, a précisé le président du conseil de Second Cup, Michael Bregman.

«(Le cannabis) va être une très grosse entreprise au Canada, et nous avons des emplacements incroyables», a-t-il estimé jeudi, lors d'un entretien. «J'aimerais bien savoir dès maintenant quelle forme prendra ce partenariat. Nous tentons simplement de nous positionner pour pouvoir saisir les occasions lorsqu'elles se présenteront et lorsque la législation se précisera.»

Jadis un pionnier du secteur des cafés haut de gamme, Second Cup éprouve des difficultés à conserver sa place sur un marché de plus en plus concurrentiel. Il a perdu des parts de marché face à des joueurs plus dominants, comme Starbucks et Tim Hortons, ainsi que d'autres marques indépendantes de plus en plus populaires.

La deuxième chaîne de cafés spécialisés au pays a affiché un profit net d'à peine 110 000 $ pour son exercice 2017. Comme plusieurs autres entreprises canadiennes, elle espère obtenir une deuxième chance en s'emparant d'une partie du lucratif marché de la marijuana à des fins récréatives.

Dans un communiqué commun, Second Cup et NAC ont indiqué que les établissements convertis, qui adopteront une nouvelle bannière développée par NAC, se trouveraient initialement dans l'Ouest canadien, mais que leurs plans prévoyaient d'étendre le concept à d'autres provinces où les lois le permettraient.

NAC exploite un réseau de «cliniques» offrant services et conseils aux patients traités à l'aide de marijuana médicinale. Elle demandera des permis pour pouvoir vendre des produits du cannabis et travaillera avec Second Cup et ses franchisés pour construire ses «salons» de cannabis.

NAC a déjà signé des ententes de fourniture avec CannaRoyalty, un fournisseur californien de produits du cannabis, et d'autres sociétés.

Casse-tête provincial

Le Canada devrait légaliser le cannabis à usage récréatif plus tard cette année, mais le modèle de distribution différera largement d'une province à l'autre.

Les sociétés privées pourront vendre du cannabis si elles détiennent les permis appropriés dans certaines provinces, comme la Colombie-Britannique, l'Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba. NAC fait déjà partie des entreprises qui ont été sélectionnées par le gouvernement manitobain pour s'occuper de la vente au détail du cannabis récréatif dès sa légalisation.

Dans d'autres provinces, comme le Québec, l'Ontario, le Nouveau-Brunswick et l'Île-du-Prince-Édouard, la vente de marijuana sera encadrée par les sociétés provinciales des alcools.

Certaines pharmacies et certains producteurs autorisés de cannabis se positionnent déjà en vue du nouveau marché. La société mère de Pharmaprix, Loblaw, a déjà demandé une licence pour vendre de la marijuana médicinale, et a conclu des ententes de fournitures avec des producteurs de cannabis.

Entre-temps, des provinces et territoires ont indiqué qu'ils restreindraient la consommation récréative aux résidences privées. D'autres, comme l'Ontario, ont sollicité des avis avant de déterminer si la consommation de cannabis serait permise dans des «salons» semblables à ceux évoqués par Second Cup.

Lors d'un entretien, le chef de la direction de NAC, Mark Goliger, a indiqué qu'«à partir du moment où cela deviendra une possibilité légale, nous serons les premiers en ligne».

Même si les détails au sujet de ces établissements sont assujettis à la réglementation, M. Goliger croit qu'ils seraient semblables à ce qui existe à «Amsterdam, avec une touche de conservatisme canadien».

«Nous avons vraiment l'impression que les salons de cannabis sont la prochaine étape logique (...) puisque la plupart des provinces encadrent de façon très restrictive les endroits où les gens peuvent consommer en public», a estimé Goliger.

En vertu de l'entente, NAC a émis à Second Cup des bons de souscription qui pourraient lui permettre d'acheter cinq millions d'actions ordinaires de l'entreprise, au prix d'exercice de 91 cents par action. Les bons expireront en avril 2023.

Le nombre d'établissements qui seront prêts au moment de la légalisation est inconnu pour le moment, mais les entreprises ont l'intention de soumettre jusqu'à 20 demandes de licence auprès du gouvernement de l'Alberta, a indiqué M. Bregman. La propriété des établissements sera divisée en parts égales entre les deux sociétés, ou alors celles-ci se partageront la différence lorsqu'un franchisé sera inclus, a-t-il ajouté.