Les boutiques de vêtements pour enfants Souris Mini se sont placées à l'abri de leurs créanciers pour se restructurer. L'entreprise de Québec, qui a accumulé des dettes de 17,8 millions de dollars, souhaite fermer des magasins, vu l'important déplacement de ses ventes vers le web.

« Le commerce de détail, avec l'internet, c'est un peu fou ! Nous, c'est plus que 25 % de nos ventes. Alors, on n'a pas le choix de tomber sur la LACC [Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies] pour rouvrir nos baux [...]. Je ne tiendrai plus de magasins non rentables », a expliqué à La Presse la cofondatrice et copropriétaire Annie Bellavance.

Souris Mini observe une hausse globale de ses ventes grâce au web, mais certaines boutiques ne vendent plus suffisamment pour faire leurs frais, affirme la femme d'affaires. Les parents, généralement jeunes et en manque de temps, de même que les mères en congé de maternité apprécient particulièrement la flexibilité qu'offre l'achat en ligne.

« Généralement, les détaillants réalisent 8 ou 10 % de leurs ventes en ligne. À 12 %, tout le monde dit wow ! Nous, on s'approche de 27 %, et ça va encore monter quand on va avoir fermé quelques magasins. » - Annie Bellavance, cofondatrice et copropriétaire de Souris Mini

Souris Mini n'est pas en mesure pour le moment de préciser quel pourcentage de son réseau devra fermer. L'avenir de chaque emplacement sera évalué en fonction des négociations avec les propriétaires immobiliers, dit Annie Bellavance. Au siège social, où les employés ont été mis au courant de la situation, on va « essayer » de ne pas réduire les effectifs.

En magasin, « on n'est pas en liquidation ou rien. La business continue ». Les cartes-cadeaux, les garanties, la carte Privilège et la politique de retours seront honorées comme à l'habitude.

« PRENDRE LE TAUREAU PAR LES CORNES »

« C'est une loi qui nous donne du temps pour faire un bon plan. On est là pour rester. Alors, aussi bien prendre le taureau par les cornes », lance Annie Bellavance, pleine d'optimisme dans la voix et de projets dans ses cartons.

Le printemps prochain, Souris Mini ouvrira des boutiques éphémères en Ontario et dans l'ouest du pays pour y présenter sa literie, ses meubles, ses accessoires de décoration et ses vêtements « coup de coeur », prévoit-on. Le détaillant espère que cette tactique se traduira par des ventes en ligne. Une stratégie similaire a été utilisée cet automne au Québec quand Souris Mini s'est lancée dans la vente de meubles et d'accessoires pour les chambres d'enfant.

L'an dernier, Souris Mini souhaitait ouvrir sept boutiques permanentes au Canada anglais d'ici 2020 ou 2021, idéalement proche des Simons. Ce projet était doté d'un budget de 8,5 millions, dont 6 millions fournis en 2015 par le Fonds de solidarité FTQ. La créance non garantie du Fonds est aujourd'hui de 2,2 millions (voir encadré). L'entreprise venait de lancer son site web aux États-Unis, ce qui lui avait coûté 650 000 $, et envisageait de retourner au Moyen-Orient (au moyen de franchises).

UNIQUE AU CANADA

La fondatrice de Souris Mini, qui se décrit comme une « passionnée », ne semble pas douter une seconde que l'entreprise qu'elle a mise au monde avec son conjoint Steeve Beaudet saura traverser la tempête.

« On est les seuls dans le vêtement pour enfants au Québec à être intégrés verticalement. On crée tous nos produits. On est même les seuls au Canada à tout faire de A à Z. On a un produit unique que le monde aime. [...] Aller sur cette loi, c'est plate. Mais on connaît notre potentiel de ventes. »

LES PRINCIPAUX CRÉANCIERS DE SOURIS MINI

BDC Capital : 5,56 millions

Banque HSBC : 4,79 millions

BDC : 3,83 millions

Fonds de solidarité FTQ : 2,2 millions

Gestion Annie Bellavance : 200 000 $

Gestion Steeve Beaudet : 200 000 $

Total : 17,8 millions, dont 14,3 millions garantis

Photo Hugo-Sébastien Aubert, Archives La Presse

Annie Bellavance, cofondatrice et copropriétaire de Souris Mini