En plus de la faillite de Sears et des déboires de Toys "R" Us, deux détaillants québécois luttent actuellement pour leur survie. Les boutiques de sacs à main et de vêtements haut de gamme M0851 et les magasins de meubles de bois exotique et recyclé Artemano se sont placés à l'abri de leurs créanciers, a appris La Presse.

Le printemps dernier, M0851 célébrait son 30e anniversaire. Son fondateur Frédéric Mamarbachi était fier du chemin parcouru, de son atelier montréalais, de sa vingtaine de boutiques dans le monde (de Montréal à la Chine, en passant par le Japon, l'Espagne et Los Angeles), de la distribution de ses collections dans 30 pays.

Aux prises avec des dettes de 7,3 millions, l'homme d'affaires doit aujourd'hui se résoudre à fermer des boutiques. « Il y a une volonté et un plan de relance. On veut lui assurer [à la marque] un avenir. Toute l'équipe est engagée », rapporte la directrice du marketing, Marine Godfroy.

Celle-ci explique que l'entreprise a « manqué de temps pour faire un virage » devenu nécessaire dans le contexte actuel de la vente au détail.

L'achalandage dans les rues commerciales et les centres commerciaux diminue constamment à cause de la vente en ligne, rappelle-t-elle.

Nouvelles collections plus abordables

Ces dernières semaines, cinq boutiques - franchisées et « corporatives » - ont cessé d'accueillir des clients (à Madrid, Los Angeles, Boston, Ottawa et sur le boulevard De Maisonneuve, à Montréal). Celle de Westmount fermera dans quelques semaines. Il en restera alors 16.

Assez curieusement, une nouvelle boutique a été inaugurée au Centre Rockland il y a deux semaines. Et en août, le journal Métro annonçait que des ouvertures étaient prévues à Québec, Boston, sur la Rive-Sud (Montréal) et sur la côte Ouest d'ici un an.

« On vivait une expansion assez imposante pour une PME privée, alors la marge d'erreur est assez mince. Une seule boutique qui ouvre au mauvais endroit a un gros impact », commente Faye Mamarbachi, fille du fondateur et vice-présidente de l'entreprise.

Une révision complète de l'entreprise, de ses finances, ses produits et ses stratégies est actuellement en cours, souligne Faye Mamarbachi. Il a déjà été décidé que des collections plus abordables seraient lancées. Par exemple, des sacs à main 25 % moins chers que les autres, mais quand même fabriqués à Montréal et de qualité, seront bientôt mis en marché.

« On travaille fort pour les fans de la marque qui nous suivent depuis 30 ans, pour que M0851 vive encore 30 ans », résume-t-elle.

Une dette de 13 millions pour Artemano

Les informations au sujet de la chaîne de magasins de meubles Artemano sont moins nombreuses. Nous n'avons pas été en mesure de parler à ses copropriétaires Shimon Finkelstein et Eyal Shoam. Ni à quiconque au siège social ; plus personne n'y répond au téléphone.

En affaires depuis 15 ans, le détaillant se décrit comme une entreprise « écoresponsable, respectueuse de l'environnement, de la planète et de ses différentes cultures et traditions » dont l'objectif est « d'offrir aux arbres une vie éternelle ».

En collaboration avec ses fournisseurs, Artemano récupère du bois « à la fin de sa première vie utile » et le transforme en meubles à peu près tous uniques. La production se fait dans plusieurs pays.

Le siège social et le centre de distribution sont situés à Laval. Les 12 magasins sont encore ouverts et selon une employée, aucune fermeture n'est prévue. Sur son site web, rien ne laisse croire que l'entreprise est en restructuration judiciaire, sinon la mention suivante : « Nous sommes en mode "méga liquidation" ! Faites le tour de nos collections pour tout découvrir ou rendez-vous en boutique pour d'autres options ! Rabais allant jusqu'à 70 %. » Et le catalogue est bien mince ; dans certaines catégories - tables d'appoint, consoles, lampes suspendues... -, aucun produit n'est à vendre.

KPMG agit comme syndic à l'avis d'intention pour M0851 et Artemano. Les deux détaillants ont entamé leur restructuration en vertu de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité (LFI).

***

PRINCIPAUX CRÉANCIERS DE M0851

• Banque de développement du Canada : 1,75 million

• Banque TD : 1,49 million

• Investissement Québec : 790 000 $

• Ecco Leathers (Pays-Bas) : 416 000 $

• Thinking Capital (Westmount) : 265 000 $

• Joey Basmaji (fondateur des boutiques Jacob) : 150 000 $

TOTAL : 7,3 millions

PRINCIPAUX CRÉANCIERS D'ARTEMANO

• Banque Royale : 7 millions

• Banque de développement du Canada : 1,95 million

• Konrad Worldwide (Hong Kong) : 721 000 $

• Fonds régionaux de solidarité FTQ : 683 000 $

• East Asia Buying Service Limited (Hong Kong) : 275 000 $

TOTAL : 13 millions