L'entente survenue dimanche entre Québec et l'industrie canadienne des médicaments génériques est plutôt bien accueillie par les analystes financiers qui suivent le titre de Jean Coutu, même si celui-ci a peu monté hier.

Il faut dire que les détails de cet accord, qui permettra au gouvernement provincial d'économiser 300 millions par an (1,5 milliard sur 5 ans), ne sont pas encore connus. Ainsi, les analystes peuvent assez difficilement en prédire les conséquences sur Jean Coutu et sa filiale Pro Doc, un distributeur de médicaments génériques.

Michael Van Aelst, de Valeurs Mobilières TD, calcule tout de même que l'entente permettra à Pro Doc de « demeurer viable » et « d'améliorer modestement ses profits » par rapport à leur niveau des derniers mois (12,4 %). À son avis, l'industrie québécoise du générique « semble avoir évité le pire des scénarios ».

Ce scénario, que toute l'industrie pharmaceutique voulait éviter, était le projet de loi 81. Ce dernier permet à Québec de procéder à des appels d'offres pour réduire le coût de certains médicaments couverts par le régime d'assurance universel. Le gouvernement s'est engagé à ne pas utiliser cette méthode au cours des cinq prochaines années.

À la Financière Banque Nationale, Vishal Shreedhar ne s'inquiète pas trop non plus pour Jean Coutu. Puisque l'industrie et Québec en sont venus à « un règlement négocié », écrit-il, Pro Doc ne cessera pas de faire des profits.

JEAN COUTU SATISFAIT

« Nous sommes satisfaits qu'une entente ait été négociée », a fait savoir la porte-parole de Jean Coutu, Hélène Bisson, dans un courriel. Étant donné que l'entreprise ne fait « pas de déclarations prospectives », elle n'a pas voulu commenter « l'impact financier sur Pro Doc ».

L'analyste Vishal Shreedhar a relevé de 0,10 $ sa prévision de bénéfice par action pour l'exercice 2019, qui est ainsi passée à 1,14 $. « Chaque variation de 5 % dans la marge bénéficiaire avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de Pro Doc a un effet de 3 à 4 cents sur le bénéfice par action de Jean Coutu », calcule-t-il.

Son confrère Michael Van Aelst souligne toutefois que l'entente n'a pas que du bon ; la « profitabilité de Pro Doc est désormais handicapée de façon permanente » et pourrait « reculer d'environ 65 % par rapport à son sommet avant de remonter grâce à des augmentations de volume ».

Mais désormais, tout le monde sait à quoi s'attendre, ce qui, en soi, est une bonne nouvelle pour l'industrie. L'incertitude entourant le prix des médicaments et les changements législatifs « mettaient de la pression sur les profits de Pro Doc depuis deux ans », rappelle-t-il.

Le titre de Jean Coutu a terminé la séance d'hier à 20,66 $, en hausse de 0,98 %.