Sears, jadis un monument du commerce de détail aux États-Unis, croit aujourd'hui qu'il existe un «doute substantiel» quant à sa survie.

L'action de l'entreprise, qui a atteint le mois dernier un creux historique, culbutait mercredi de plus de 13 % sur le Nasdaq.

Des millions de dollars ont été investis par l'entremise du fonds spéculatif du président et chef de la direction de Sears, Edward Lampert, pour renflouer le détaillant. Mais ses ventes ont continué à diminuer, et ses réserves d'argent s'épuisent. M. Lampert a fusionné Sears et Kmart en 2005, environ deux ans après avoir aidé Kmart à émerger d'une faillite.

Bien qu'elle connaisse elle aussi des difficultés, Sears Canada n'a pas voulu commenter la stratégie ou les déclarations de l'entreprise américaine, faisant valoir qu'elles sont deux entreprises distinctes qui ont chacunes leurs propres stratégies et activités.

D'après un document réglementaire déposé tard mardi auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC), Sears Holdings a perdu plus de 2 milliards de dollars US l'an dernier. Après ajustements pour exclure les frais non récurrents, cette perte se chiffrait à 887 millions US.

Sears a vendu des actifs, plus récemment sa marque d'outils Craftsman. Mais ses ententes sur les pensions pourraient l'empêcher d'essaimer plus d'activités, ce qui pourrait entraîner un manque de financement.

Sears, qui emploie 140 000 personnes, a annoncé une importante restructuration en février. Elle espère pouvoir réduire ses coûts d'environ 1 milliard US grâce à de nouvelles ventes de magasins, des coupes d'emplois et des ventes d'actifs de marque. Sears entend aussi restructurer sa dette pour se donner une plus grande marge de manoeuvre.

Mais elle devra attirer davantage de consommateurs dans ses magasins ou sur son site internet.

Les ventes des magasins Sears et Kmart ouverts depuis au moins un an, un indicateur clé de la santé d'un détaillant, ont plongé de 10,3 pour cent au dernier trimestre de 2016.

L'entreprise a notamment l'intention d'utiliser une grande partie des 900 millions obtenus avec la vente de la marque Craftsman pour renflouer son régime de retraite. Elle s'est entendue avec une agence fédérale pour la protection des régimes de retraite privés, mais cette entente pourrait aussi l'empêcher de liquider d'autres actifs pour gagner du temps, révèlent les documents réglementaires.

Sears éprouve des difficultés à s'ajuster aux nouveaux comportements des consommateurs. Elle a augmenté sa présence en ligne, mais elle cache mal son âge et ne fait pas le poids face à des concurrents comme Amazon.com. La plupart de ses magasins ont grandement besoin d'une cure de jouvence.

Ses rivales Walmart et Target effectuent de lourdes dépenses pour revitaliser leurs magasins et se concentrent particulièrement sur les clients qui vont en ligne avant de mettre le pied dans un de leurs établissements.

Sears a annoncé en janvier qu'elle fermerait près de 10 % de ses quelque 1500 magasins toujours ouverts.

À son plus récent trimestre, Sears, établie à Hoffman Estates, en Illinois, a perdu 607 millions US. Ses revenus ont reculé à 6,05 milliards US, comparativement à 7,3 milliards US au même trimestre un an plus tôt.

Il s'agissait de son sixième trimestre consécutif de pertes. L'entreprise n'a pas engrangé de profit annuel depuis 2011.