Même si elle n'est pas mesurée officiellement, l'« économie de seconde main » était plus que jamais une affaire de gros sous en 2016, avec des transactions évaluées à 29 milliards au Canada. Mais alors que les Montréalais sont parmi les plus actifs pour vendre, échanger ou louer leurs biens, les Québécois en général boudent ce marché. Ce sont quelques-uns des constats de l'indice Kijiji dévoilé hier matin par l'Observatoire de la consommation responsable de l'Université du Québec à Montréal. Explications en quatre chiffres.

78

Nombre moyen de biens échangés par Canadien en 2016. Ce chiffre regroupe entre autres tous les produits d'occasion achetés, échangés ou vendus, les résidences et les véhicules loués ainsi que les dons. Le Québec est l'avant-dernière région à ce chapitre, avec 67 biens par personne en moyenne, tout juste devant les Maritimes avec 54 biens. Les meneurs à ce titre sont les Albertains, avec 91 biens.

« On est sur une évolution croissante, on a vraiment une certaine dynamique de l'économie de seconde main qui est en train de s'installer », constate Fabien Durif, directeur de l'Observatoire de la consommation responsable.

Les raisons de ces disparités ne sont pas explorées dans l'étude, mais on a établi la corrélation suivante : plus le taux de chômage est bas et le revenu élevé, plus l'activité de seconde main augmente.

85

Nombre de biens échangés en moyenne par Montréalais, une hausse de 9 % en un an qui place la métropole québécoise 3e sur 9 grandes villes canadiennes. La première est Calgary (104 biens échangés) et la dernière, Winnipeg (34). La ville de Québec, elle, arrive au 8e rang avec 48 biens échangés. L'activité la plus populaire pour les deux villes québécoises : le don, que chaque Montréalais a effectué 33 fois en moyenne, contre 17 à Québec.

Comment expliquer les disparités entre villes ? M. Durif estime qu'il faudrait plus de données pour s'avancer. « Est-ce que ça vient de certains types de communautés culturelles ? Il y a des tendances, mais avant qu'on puisse les confirmer, il nous faut trois années de données, ce qu'on va avoir l'année prochaine. »

1037 $

Ce que les « vendeurs » ont gagné en moyenne en 2016, une hausse de 17 % par rapport à l'année précédente. Les « acheteurs », eux, ont économisé 843 $. « On est rendu dans un marché plus compétitif, on voit que les gens recherchent cette économie-là », analyse M. Durif.

Avec un marché global évalué à 29 milliards, contre 28 milliards en 2015, on estime que jusqu'à 341 000 emplois doivent leur existence à l'économie de seconde main. Au total, 82 % des Canadiens ont échangé au moins un bien, et on estime qu'ils ont économisé en moyenne 843 $ en acquérant des biens d'occasion plutôt que neufs.

Photo François Roy, Archives La Presse

Fabien Durif, directeur de l'Observatoire de la consommation responsable

PHOTO BERNARD BRAULT, archives LA PRESSE

Les Montréalais ont échangé en moyenne 85 biens en 2016.