Le monopole de la Société des alcools du Québec (SAQ) ne sera pas revu avant les prochaines élections. Une réflexion sur cette question en est encore à des « balbutiements », et l'amélioration de la performance de la société d'État rend encore moins probable cette avenue.

Une lettre équivoque du ministère des Finances au critique de la CAQ, François Bonnardel a déclenché des spéculations quant au monopole de la société d'État. Le Ministère refusait de donner accès à des études traitant de cette question tout en admettant en même temps qu'il en possédait.

Avec l'amélioration de la performance de la SAQ au cours des derniers mois, « la réflexion sur le monopole est moins urgente », résume le ministre des Finances, Carlos Leitão. Il est certain qu'il n'y aura aucune décision en ce sens avant les prochaines élections. « Il n'y a aucune idéologie dans notre réflexion, on va analyser ce qui doit être fait. On veut offrir le meilleur modèle pour les Québécois en terme de prix et de service ». Mais il reste prudent, avouant ne pas pouvoir dire si le gouvernement conservera ou non finalement l'exclusivité de la vente d'alcool à sa société d'État.

Au cabinet du ministre des Finances, on expliquait que le Ministère « n'a pas de document sur la fin du monopole, mais des débuts d'analyse de scénario sur les grandes options ; statu quo, statu quo amélioré ou un système hybride. On ne peut pas dire qu'on n'avait pas de documents, mais c'est tellement embryonnaire ! »

LA SAQ SE CONCENTRE SUR SON PLAN

Joint en fin de journée, hier, le président de la Société des Alcools, Alain Brunet a souligné que la décision sur l'avenir du monopole n'appartient pas à la SAQ. « Cela ne nous appartient pas, nous on se concentre sur notre plan, passablement ambitieux. On est à trois baisses de prix, totalisant 1,40 $. On est un commerce de détail qui doit travailler sur l'ensemble des facettes du commerce, c'est ce qui assurera la pérennité de la SAQ » a-t-il souligné. Cette pérennité « passe par son efficacité, sa pertinence commerciale, et ses prix. Solide face au client et solide d'un point de vue financier » souligne-t-il.

Depuis des mois, le député de la Coalition avenir Québec François Bonnardel pousse pour que l'on brise le monopole de la Société des alcools, une proposition d'ailleurs retenue par le rapport de l'ex-ministre Lucienne Robillard sur la revue des programmes gouvernementaux.

« À la fin de l'automne 2015, le ministère des Finances m'avait dit qu'ils allaient donner le feu vert à un mandat d'initiative pour discuter en commission parlementaire. Pas de nouvelles depuis. » - François Bonnardel

« Quand on voit ce qui se passe, la diminution de 190 cadres, les trois baisses de prix, le déménagement du siège social, ils ont un projet en tête », croit le député caquiste de Shefford. « C'est un signe que le gouvernement a en tête d'ouvrir le marché, augmenter l'offre, rendre la SAQ plus performante. Tout ce que la SAQ a fait depuis quatre mois m'indique qu'il se passe quelque chose ! » soutient le député Bonnardel.

M. Bonnardel avait logé une demande d'accès à l'information au ministère des Finances. Il réclamait des études « portant sur la fin du monopole de la SAQ ou la libéralisation du marché de la vente d'alcool ». On voulait aussi la « liste des rencontres portant sur la fin du monopole de la SAQ ».

Le caractère vague de la réponse a mis le feu aux poudres. Au ministère des Finances, on a répondu au député Bonnardel que le Ministère « détient des renseignements correspondant à votre demande ». Toutefois ces documents « ne peuvent être communiqués car ils contiennent des renseignements stratégiques en cours de négociation, des analyses des avis et des recommandations adressées au ministre des Finances ».

Au surplus, ces documents « contiennent des informations ayant des incidences sur les relations gouvernementales, et des renseignements techniques dont la divulgation pourrait nuire à la compétitivité de la SAQ » indique la lettre fournie par le député caquiste.

photo alain roberge, archives la presse

Avec l'amélioration de la performance de la SAQ au cours des derniers mois, « la réflexion sur le monopole est moins urgente », résume le ministre des Finances, Carlos Leitão. Il est certain qu'il n'y aura aucune décision en ce sens avant les prochaines élections.