Comme on s'y attendait, ce n'est qu'une question de temps avant que le nom Lowe's ne fasse son apparition sur des magasins du Québec. De fait, dans deux ans, les 17 Rona l'Entrepôt adopteront le nom de leur nouveau propriétaire. D'ici là, des sites transactionnels seront lancés et des marchands seront recrutés afin d'accroître la rentabilité et les parts de marché. Stratégie et bilan en sept points.

Mettre fin à la confusion

Le grand patron de Lowe's Canada, Sylvain Prud'homme, l'a répété à plusieurs reprises, hier, en point de presse : il y a de la déception et « beaucoup de confusion pour les clients » actuellement. Parce que les Rona - petits, moyens et grands - ne vendent pas tous la même chose, ses équipes travaillent donc sur le repositionnement de toutes les enseignes. L'objectif est que chacune ait une clientèle cible bien définie et une offre correspondante. « Même chez Réno-Dépôt, il y a encore un peu de confusion dans l'offre. »

De Rona l'Entrepôt... à l'Entrepôt... à Lowe's

Pour simplifier les affaires, les plus grandes surfaces, soit les 40 Rona l'Entrepôt et leur équivalent anglophone Home & Garden, deviendront des Lowe's. Leur offre sera alors bonifiée (électroménagers, décoration, saisonnier). Le changement pourra se faire quand le nouveau système informatique sera intégré, normalement dans deux ans. D'ici là, les magasins porteront un nom intérimaire (l'Entrepôt ou Home & Garden), « même si ce n'est pas idéal ». Les 278 autres Rona et les Réno-Dépôt garderont leur nom. Les petites quincailleries de quartier seront des ACE, sauf exception. La direction de Lowe's a assuré qu'elle ne « forcera jamais » le propriétaire d'un Rona à changer de nom.

Quatre unités d'affaires

« Nous avons transformé notre modèle d'affaires pour mieux servir nos clients », a déclaré Sylvain Prud'homme avec beaucoup d'enthousiasme et de conviction. Plus concrètement, il a créé quatre divisions : grandes surfaces, proximité, pros et contracteurs (sic), et marchands affiliés. Chacune est dirigée par un vice-président exécutif qui doit produire ses propres états financiers. En fonctionnant de cette façon, le grand patron croit que Lowe's Canada sera en meilleure posture pour répondre adéquatement aux besoins de toutes les parties prenantes (clientèles, marchands, etc.)

Vente en ligne en 2017

L'un des gros chantiers de la nouvelle direction de Lowe's Canada est la mise en ligne de sites transactionnels pour chacune des enseignes. Des sites qui seront à la hauteur des attentes des consommateurs désormais habitués à naviguer sur les sites perfectionnés d'Amazon et de Home Depot, par exemple. Le vice-président Alain Brisebois est conscient des défis, mais promet que ses sites livreront la marchandise. Pour le moment, le site de Rona ne permet que le ramassage en magasin. Réno-Dépôt publie une certaine partie de son catalogue, Marcil donne accès à sa circulaire et ACE, à la liste des marques vendues en magasin. Le montant de l'investissement n'a pas été dévoilé. À terme, on souhaite pouvoir offrir toute la marchandise de Lowe's (plus de 100 000 articles) sur les sites de toutes les enseignes.

Recrutement actif d'affiliés

Lowe's met tout en oeuvre pour recruter de nouveaux marchands. Ces dernières années, un certain nombre de quincaillers ont abandonné l'enseigne de Rona. Cette ère est terminée, a martelé Alain Brisebois. « On veut stopper cette érosion. On est en recrutement massif. On veut aller chercher des marchands aguerris. [...] C'est la fin de la récréation [pour nos concurrents]. On est revenus dans le marché ! » Au siège social, une équipe entièrement consacrée aux marchands a été mise en place. Un programme d'aide à l'investissement a été créé. Le potentiel est grand : il y a plus de 1500 indépendants au pays. Depuis mai, 16 ont cédé aux avances de Lowe's.

Fini, le manque d'amour

Tandis que le concept de Réno-Dépôt avait été rafraîchi assez récemment, celui de Rona a « manqué d'amour ces dernières années » et d'investissements, a mentionné Sylvain Prud'homme. Cette époque est terminée, a-t-il ajouté. Lowe's est très motivée à devenir « rapidement le numéro un » au Canada (une position actuellement occupée par Home Depot) et à mettre l'argent qu'il faut pour atteindre son but. L'entreprise américaine veut croître, mais aussi doubler son niveau de rentabilité d'ici cinq ans grâce à ses initiatives (recrutement de marchands, vente en ligne, offre élargie, etc.).

Peur pour rien

Six mois après l'acquisition de Rona, le Québec a-t-il eu peur pour rien ? La réponse courte est oui, quand Sylvain Prud'homme dresse le bilan de ce qui s'est passé depuis le printemps. Le siège social a bel et bien été établi à Boucherville. Le nombre d'emplois y a été conservé. « Le stationnement est encore bien plein ! » L'ouverture de 13 autres magasins a créé 1100 emplois au pays (dont 200 au Québec). Et les fournisseurs n'ont à peu près pas changé. Sur 3500 fournisseurs, « ce n'est même pas un nombre significatif », a soutenu Alain Brisebois, vice-président exécutif, marchands affiliés et services centraux opérations.