Le fondateur et président directeur du conseil d'Alimentation Couche-Tard, Alain Bouchard, estime qu'il est possible de trouver une solution d'ici cinq ans afin d'assurer le maintien des actions à droits de vote multiples de la multinationale.

Un an après que les quatre fondateurs eurent été forcés de retirer leur proposition soumise aux actionnaires visant à abolir la clause crépusculaire en raison de l'opposition de certains investisseurs institutionnels, M. Bouchard s'est montré plus optimiste, mardi, en marge de l'assemblée de l'exploitant de dépanneurs et de stations-service, qui se tenait à Laval.

En point de presse, il a laissé entendre qu'il pourrait être possible d'en arriver à un accord qui n'aurait pas nécessairement besoin d'être soumis au vote. M. Bouchard a toutefois ajouté qu'il comptait s'assurer que les actionnaires soient en accord avec sa démarche.

«Je ne ferais jamais cela (aller à l'encontre de la volonté des actionnaires), a-t-il dit. J'ai trop de respect pour nos actionnaires, même à l'égard de ceux qui ne nous appuient pas.»

Signée en 1995, la clause crépusculaire prévoit la disparition des titres à 10 votes par action une fois que tous les fondateurs de Couche-Tard auront atteint l'âge de 65 ans. Le plus jeune des quatre, Jacques d'Amours, fêtera son 65e anniversaire en décembre 2021.

Les quatre fondateurs détiennent 76,3 % des actions de catégorie A de l'entreprise - dont la valeur boursière oscille aux alentours de 37 milliards $ - ce qui leur permet entre autres de la protéger d'une offre hostile.

Au mois d'avril dernier, M. Bouchard avait semé l'émoi en évoquant une possible vente à long terme du détaillant s'il n'était pas en mesure d'obtenir les 66 % d'appuis nécessaires auprès des porteurs de titres afin d'abolir cette clause.

«Une vente de Couche-Tard ne m'inquiète pas à court terme, a-t-il dit. Nous détenons (les quatre fondateurs) 23 % (du total) des actions. Ça ne sera pas facile. Mais en 2008 (lors de la crise financière) notre action, qui était à 30 $, a glissé à 10 $ en quelques jours seulement pour ensuite demeurer à ce niveau pendant assez longtemps.»

C'est ce genre d'événement, selon le fondateur de la société, qui pourrait rendre l'entreprise vulnérable à une offre d'achat advenant la disparition de la double structure de capital.

Les quatre fondateurs de Couche-Tard se butent notamment au refus d'Institutional Shareholder Services (ISS), une firme de services aux actionnaires, qui, affirme M. Bouchard, s'oppose aux actions à droits de vote multiples.

Le salaire minimum à 15 $, pas dogmatique

Questionné sur la possibilité d'un salaire minimum à 15 $ l'heure au Québec, une idée notamment mise de l'avant par des groupes sociaux et centrales syndicales, M. Bouchard a dit qu'il n'était pas contre, prévenant toutefois que cette augmentation serait probablement refilée aux consommateurs.

«Je n'en fais pas un dogme, a-t-il dit. Pour moi, payer nos (travailleurs) davantage, s'ils peuvent vivre mieux, tant mieux.»

Actuellement, le salaire minimum horaire est de 10,75 $ dans la province.

Selon M. Bouchard, une augmentation des prix provoquée par une hausse du salaire minimum risque fort probablement d'inciter de nombreux consommateurs à aller faire certaines emplettes à d'autres endroits, où les prix sont moins élevés.

Par ailleurs, l'actuel président et chef de la direction, Brian Hannasch, a été critiqué par un actionnaire en raison de son unilinguisme, ce qui a forcé M. Bouchard à intervenir.

«Je trouve cela insultant», a affirmé Yvon Gagnon, affirmant que le fondateur de l'entreprise avait promis, il y a deux ans, que M. Hannasch, un Américain, apprendrait le français.

«C'est un constat, a répondu M. Bouchard. Nous travaillons à faire croître la compagnie. Il n'y avait pas de temps (pour des leçons de français).»

Dans leur présentation aux actionnaires, les membres de la haute direction du détaillant ont notamment vanté l'apport des six acquisitions majeures réalisées au cours des 18 derniers mois, dont la plus importante de son histoire réalisée le 22 août dernier - l'achat de l'Américaine CST Brands pour 4,4 milliards $ US.