L'économie britannique semble pour l'instant déjouer les pronostics en affichant une bonne santé malgré le vote pour le Brexit, mais les analystes préviennent que le ciel risque de s'assombrir dans les prochains mois.

Les dernières statistiques officielles sont quasi-unanimes pour montrer que l'activité n'a pas marqué le pas depuis le référendum du 23 juin à la grande surprise des analystes qui avaient déjà intégré dans leurs prévisions un ralentissement de l'économie.

Une large majorité des économistes, les organisations internationales, voire le Trésor et la Banque d'Angleterre: tous ont annoncé craindre un retour de bâton compte tenu des incertitudes liées au Brexit, à commencer par une longue période de négociation, peu propice à rendre sereins les milieux d'affaires.

«Jusqu'à présent, le vote pour le Brexit ne parvient pas à affecter les indicateurs économiques officiels (...). Il est encore tôt, mais il est évident qu'une baisse de la confiance n'est pas avérée, tant pour les consommateurs que pour les entreprises», explique Laith Khalaf, analyste chez Hargreaves Lansdown.

L'économie britannique tient bon, à l'image de la publication jeudi des ventes au détail pour juillet, qui ont nettement rebondi de 1,4% en juillet, bien plus que prévu par les analystes, laissant penser que les consommateurs n'ont pas changé leurs habitudes.

Les magasins ont même pu compter sur les dépenses des touristes dont le pouvoir d'achat se trouve gonflé par la faiblesse de la livre.

Howard Archer, économiste chez IHS, prévoit même que cette tendance pourra se poursuivre en août grâce à une météo clémente et «l'effet entraînant des excellentes performances de l'équipe de Grande-Bretagne lors des jeux Olympiques».

D'autres publications portant sur juillet, le premier mois complet depuis le vote, ont rassuré, avec notamment la baisse des demandes d'allocation chômage, la légère accélération de l'inflation, ou encore la stabilisation des ventes de voitures neuves.

«Le chômage est historiquement bas et la confiance des consommateurs reste élevée», remarque Daniel Vernazza, économiste chez Unicredit, expliquant que «la plupart des personnes qui ont voté pour quitter l'Union européenne ne pensaient pas que le résultat allait plomber l'économie du Royaume-Uni, ils ne devraient donc pas réduire trop leurs dépenses à court terme».

L'optimisme gagne également les investisseurs, puisque l'indice vedette de la Bourse de Londres a fortement accéléré depuis le début du mois d'août, il est vrai principalement porté par le nouveau dispositif dévoilé par la Banque d'Angleterre (BoE).

La BoE, qui a baissé ses taux et injecte davantage de liquidités dans le système financier, pourrait d'ailleurs être bientôt épaulée par le gouvernement britannique qui envisage des mesures de relance pour l'automne.

Incertitude nuisible aux affaires

Mais les analystes restent assez pessimistes pour les mois à venir et préviennent que l'économie britannique est peut-être en train de manger son pain blanc.

Les récentes enquêtes qui mesurent l'état d'esprit des entreprises et des consommateurs sont en effet beaucoup moins rassurantes que les chiffres officiels.

La grande crainte des analystes est que le référendum paralyse les entreprises qui réduiraient leurs investissements, leurs coûts et in fine les embauches.

«Les consommateurs devraient bénéficier d'un pouvoir d'achat moins favorable au moment où l'inflation accélère et où la croissance des bénéfices des entreprises va être limitée par la maîtrise des coûts. En outre, le chômage semble devoir progresser dans les prochains mois», explique Howard Archer.

Le patronat britannique s'attend également à ce que l'avenir soit moins rose.

«La récente baisse de la livre va renchérir le coût de la vie dans l'année qui vient, ce qui affecta la capacité des ménages à dépenser», prévient Anna Leach, économiste de l'organisation patronale britannique CBI.

Elle en appelle ainsi au gouvernement pour qu'il «établisse un programme et un calendrier clairs pour les négociations à venir avec l'UE» afin de «dissiper l'incertitude et de maintenir la confiance des entreprises et des consommateurs».

Le Sunday Times a prévenu en effet que le gouvernement conservateur de Theresa May ne viserait pas une sortie effective de l'UE avant la fin 2019.