Malgré les fermetures de boutiques et la disparition de chaînes bien connues ces dernières années, le portrait du secteur québécois du commerce de détail n'est pas aussi sombre qu'on le croit, suggère une nouvelle étude.

Devant la popularité croissante du commerce en ligne, les détaillants québécois devront toutefois rapidement donner le coup de barre nécessaire afin de répondre aux attentes des consommateurs, souligne mardi l'organisme sans but lucratif Détail Québec dans son Diagnostic sectoriel de la main-d'oeuvre du commerce de détail au Québec.

L'échec canadien du géant américain Target, la fermeture de Boutique Jacob et les fermetures de magasins Le Château - pour ne nommer que ces exemples - ne semblent pas freiner l'embauche, puisque 23 000 emplois nets ont été créés depuis 2012, avance l'étude.

Cette donnée ne tient toutefois pas compte du commerce de l'alimentation et des concessionnaires automobiles, qui ne font pas partie des 19 sous-secteurs desservis par Détail Québec.

Au cours de la même période, plus de 3100 nouveaux magasins ont ouvert leurs portes, calcule le groupe, qui évalue à 322 000 l'effectif total des secteurs desservis par l'organisme en 2015.

«Les bannières qui ouvrent des magasins font moins les manchettes, souligne la directrice générale de Détail Québec, Patricia Lapierre, au cours d'une entrevue téléphonique. Pourtant, on a plusieurs exemples, comme Sportium, Frank & Oak, Chocolats Favoris, David's Tea, Simons et Tigre Géant.»

L'organisme calcule ainsi qu'en 2015, le commerce de détail a vu ses ventes grimper de 1 %, à 109 milliards $, ce qui reflète en partie une augmentation du budget discrétionnaire de plusieurs consommateurs. Les secteurs desservis par Détail Québec représentent 61 % de cette somme.

«Les consommateurs ont dépensé 2,6 milliards $ de moins en essence, fait remarquer le président-directeur général du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), Léopold Turgeon. Cela a été dépensé dans d'autres secteurs.»

En excluant les ventes de carburant, la hausse des recettes aurait été de 3,9 % en 2015, estime-t-il.

Toutefois, la proportion de 7,6 % des revenus générée par le commerce électronique devra grimper pour que la croissance puisse se poursuivre, concède M. Turgeon, sans toutefois fixer de cible précise.

«C'est fragile, oui, si on ne s'approprie pas les technologies, explique le PDG du CQCD, reprenant un message qu'il répète depuis un certain temps déjà. On accuse un retard à ce chapitre.»

Citant des données de Statistique Canada, l'étude de Détail Québec relève que le nombre de commandes électroniques a bondi de 56 % au Québec entre 2010 et 2012 pour atteindre 29,9 millions.

La valeur totale a grimpé de 29 % pour s'établir à 3,1 milliards $ au cours de cette même période. Le Québec représentait 16 % de la valeur des commandes en ligne effectuées au pays.

Parmi les quatre défis liés au commerce électronique identifiés par le document, les répondants ont cité l'accompagnement et le soutien aux petites entreprises comme étant le plus important.

«Là où le bât blesse, c'est dans les entreprises de moins de 50 personnes, analyse M. Turgeon. Elles ont peu de moyens pour s'approprier et déployer des technologies numériques. C'est notre grande problématique.»

À l'instar de plusieurs intervenants du milieu, Mme Lapierre et M. Turgeon attendent impatiemment la stratégie numérique qui doit être dévoilée par le gouvernement Couillard.