Même s'il espère pouvoir être en mesure de renouer avec la rentabilité dès cette année, le détaillant de vêtements Le Château prévoit fermer 40 magasins de plus à travers le Canada au cours des trois prochaines années.

La société montréalaise a déjà commencé à fermer ses magasins non rentables et en a rénové d'autres dans le but de «rééquilibrer» son réseau de détaillant dans le contexte de la popularité croissante des achats réalisés par l'entremise du commerce électronique.

Le Château a fermé les portes de 11 de ses magasins dans la dernière année, pour porter leur total à 211 établissements. L'entreprise prévoit en fermer 14 autres en 2016.

D'ici les premiers mois de 2019, Le Château s'attend à ce que la taille de son réseau de détail recule à environ 900 000 pieds carrés, soit 171 magasins - son plus petit réseau depuis 2007. Cette réduction, entamée en 2012, aura en tout réduit sa taille de 30 pour cent.

Le Château n'a pas voulu préciser combien de ses 2400 employés pourraient perdre leur emploi, se contentant d'indiquer que la plupart pourraient être absorbés dans d'autres magasins à proximité ou qu'ils pourraient être employés au sein de ses activités de commerce électronique, qui connaissent une croissance.

Selon le vice-président principal aux ventes et aux activités, Franco Rocchi, certains des magasins qui pourraient être fermés à la fin de leur bail pourraient obtenir un répit s'il est possible de renégocier leurs loyers à la baisse ou si les centres d'achats où ils sont situés s'«améliorent».

Le Château a pris de l'expansion dans les années 1980 et 1990, mais comme plusieurs détaillants, il doit aujourd'hui s'ajuster au commerce électronique.

«Aujourd'hui, dans le monde post-numérique, votre marque est aussi près des gens que leur téléphone cellulaire, alors détenir tout cet immobilier (...) n'est plus nécessaire», a expliqué M. Rocchi lors d'un entretien.

Les nouvelles fermetures devraient toucher plus particulièrement les magasins-entrepôts, a précisé l'entreprise.

La chaîne de magasins a perdu 35,7 millions $, soit 1,19 $ par action, pour son exercice clos le 31 janvier. En comparaison, elle avait perdu 38,7 millions $, ou 1,34 $ par action, pour l'exercice précédent.

Les revenus ont diminué de 5,3 pour cent à 236,9 millions $, tandis que les ventes des magasins ouverts depuis au moins un an ont glissé de 1,9 pour cent.

Pour le quatrième trimestre, la perte nette s'est chiffrée à 6,9 millions $, une amélioration de plus de 40 pour cent par rapport à la même période un an plus tôt, alors que les fermetures de magasins ont réduit les ventes de 7,5 pour cent à 65,2 millions $. Pour les 10 premières semaines closes le 9 avril, les ventes ont diminué de 3,7 pour cent.

Mais M. Rocchi affirme que Le Château voit «un chemin» vers un profit cette année.

Les ventes en ligne ont progressé de 34,8 pour cent l'an dernier et leur tendance se dirige vers 50 pour cent. Les économies réalisées grâce aux fermetures de magasins sont plus importantes que les ventes additionnelles réalisées en ligne, mais l'objectif de la société est de voir ces dernières représenter 10 pour cent des ventes d'ensemble d'ici deux ans.

Le Château a rénové cinq magasins de centres urbains l'an dernier, en plus de lancer une campagne de marketing pour accroître la notoriété de sa marque, ce qui a entraîné une amélioration du chiffre d'affaires des divisions des chaussures et des vêtements pour femmes.

Selon l'analyste Jean Rickli, de la firme J.C. Williams Group, Le Château a mis trop de temps à fermer des magasins et à investir dans le commerce électronique.

«Ils ont des difficultés», a-t-il affirmé lors d'un entretien. «Je crois qu'ils commencent à comprendre mais nous trouvons qu'il se fait tard.»

L'action du Château a pris lundi 2 cents, soit 9,1 pour cent, à la Bourse de Toronto, où elle a clôturé à 24 cents.