La chaîne québécoise de vêtements pour hommes fermera définitivement ses portes en janvier 2016. Une soixantaine de personnes perdront ainsi leur emploi.

«Après avoir envisagé plusieurs scénarios, j'ai décidé de mettre fin aux activités de l'entreprise dans le secteur du commerce de détail», déclare Pierre Bovet, président de Marc Bovet inc. et petit-fils du fondateur, dans un communiqué. Il ne souhaitait pas faire plus de commentaires hier.

La direction de l'entreprise centenaire a affirmé qu'elle fera «tous les efforts nécessaires pour accompagner ses employés et leur famille respective à travers cette épreuve».

Bovet compte sept magasins dans les régions de Montréal et Québec. Ils resteront ouverts pendant les Fêtes et durant les soldes de janvier. Au début des années 90, l'entreprise a compté jusqu'à 45 magasins dans la province sous cinq enseignes, dont Sauvé et frères.

Transactionnel, le site de Bovet met l'accent sur ses «nouveaux classiques» et annonce des rabais de 10$ lorsqu'on s'abonne à son infolettre.

«Bovet n'a pas su rajeunir sa clientèle ni son image au fil des ans, juge néanmoins JoAnne Labrecque, professeure agrégée de marketing à HEC Montréal. Et la concurrence s'est accrue.»

Un site transactionnel n'assure pas un niveau élevé de ventes. Et Bovet avait comme boulet d'être familial, estime la spécialiste du commerce de détail. «Comme Jacob, une autre entreprise familiale qui a très bien su répondre à des besoins à une autre époque, elle n'a pas eu la capacité de réagir rapidement par manque d'expertise et de ressources financières, analyse JoAnne Labrecque. Si une entreprise n'apporte pas graduellement les ajustements requis aux normes de consommation changeantes, elle atteint un point de non-retour.»

La concurrence de l'internet

Cette nouvelle s'ajoute à une liste de faillites et fermetures de détaillants québécois et américains présents ici qui s'allonge depuis 2012.

Ceux-ci souffrent depuis que les consommateurs de la classe moyenne ont un pouvoir d'achat réduit et savent de mieux en mieux magasiner grâce à l'internet. «Ça ne s'améliore pas, lance Daniel Baer, associé, secteur national, commerce de détail et produits de consommation, d'EY. Dans ce contexte, la situation est difficile pour les détaillants de taille moyenne et petite. Et le milieu du vêtement est particulièrement concurrentiel.»

La plaie est loin d'être refermée. «On va en voir plus encore, annonce Daniel Baer. Toujours dans le milieu de gamme.»

Les nouvelles façons de magasiner des consommateurs ne sont cependant pas la seule cause de l'hécatombe. «Les facteurs sont divers, décrit M. Baer. Les consommateurs font beaucoup plus de recherches avant d'acheter. Mais ils dépensent aussi plus pour des expériences que des produits, surtout ceux de la génération Y.» La concurrence des enseignes américaines est aussi féroce. Et les salaires augmentent peu.»

Les ventes dans le secteur du détail ont à peine crû de 0,55% les neuf premiers mois de 2015, comparées à la même période en 2014, selon Statistique Canada.

HÉMMORAGIE DANS LE COMMERCE DE DÉTAIL

Retour sur certaines fermetures ou faillites annoncées depuis 2012



• Jacob: 91 magasins fermés et 990 emplois perdus, puis sauvetage de cinq magasins

• Mexx: 95 magasins fermés et 1700 employés licenciés

• Smart Set: 107 magasins fermés ou reconvertis

• Target Canada: 133 magasins fermés et 17 600 emplois perdus

• Future Shop: 66 magasins fermés, 65 reconvertis en Best Buy et 500 postes à temps plein perdus

• D'autres qui sont passés sous le couperet ou qui sont en difficultés: Bedo, Bureau en gros, Femmes de carrière, Limité, Joshua Perets, Parasuco et Laura.