À force de se faire dire par les politiciens qu'ils doivent se serrer la ceinture, les Québécois semblent avoir compris le message. Leur budget pour les cadeaux de Noël sera le plus anémique des 10 dernières années, prévoient-ils. Et leur intérêt pour les bas prix bondira.

Les ménages québécois comptent, en moyenne, acheter des cadeaux d'une valeur de 371$, révèle un sondage réalisé par Groupe Altus pour le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD).C'est seulement 15$ de moins que l'an dernier, mais c'est le montant le plus faible depuis qu'on a commencé à réaliser ce sondage, en 2004.

«On est dans un contexte économique extrêmement difficile. Alors, c'est une bonne nouvelle. Ç'aurait pu être pire [pour les détaillants]», a commenté le PDG du CQCD, Léopold Turgeon, au cours d'un entretien.

Aussi est-il intéressant de constater que le budget cadeaux des Québécois est - à 1$ près - identique à celui qu'ils avaient établi pendant la crise économique de 2009 (372$). En tout, le CQCD s'attend à des dépenses globales de 2,2 milliards (+ 1%), ce qui inclut les achats d'aliments et de boissons pour les réceptions.

Explosion des achats en ligne

Ce n'est pas le seul constat de l'enquête qui risque de décourager les détaillants. Les Québécois, apprend-on, prévoient augmenter la valeur de leurs achats en ligne de 77% par rapport à l'an dernier. Les dépenses sur le web passeront de 40 à 92 millions de dollars. Le hic, c'est que ce sont principalement des entreprises américaines qui empocheront.

Quand on demande aux Québécois sur quels sites ils magasineront, pas moins de 37% répondent Amazon et 33%, eBay. L'an dernier, ils récoltaient le quart des intentions, ce qui démontre une forte augmentation de la popularité de ces deux géants.

«C'est un résultat qui va donner [aux détaillants québécois] un choc de plus. C'est pour ça qu'on leur répète qu'ils doivent s'approprier les technologies. Ils partent de loin, il y a tellement de travail à faire. Le consommateur est rendu là, et ça prend un virage avec un grand V», soutient Léopold Turgeon.

Parmi la dizaine d'autres sites qui pourraient bien être les plus achalandés ces prochaines semaines, on retrouve ceux de deux détaillants québécois: Archambault et Renaud-Bray.

Si la valeur des achats en ligne bondit, la proportion de Québécois qui magasineront sur un écran demeure toutefois à peu près stable, à 23%.

Rabais prisés, marges réduites

Près de 40% des Québécois affirment par ailleurs qu'ils magasineront pour «trouver le meilleur prix». La proportion est plus élevée que l'an dernier par six points. Ce comportement, combiné à la popularité de l'achat en ligne, forcera les détaillants à réduire leurs prix, ce qui aura «un fort impact sur la marge de profit».

À cela s'ajoute l'intérêt grandissant des consommateurs pour le Black Friday (Vendredi fou) et le Cyber Monday (Cyberlundi), deux journées pendant lesquelles les détaillants doivent abaisser leurs prix pour être dans le coup. «L'an dernier, on en a beaucoup parlé. Et cette année, ce sera encore plus fort, même si ça coupe les marges», prévoit Léopold Turgeon.

La prudence des consommateurs n'est pas unique au Québec. Dans l'ensemble du Canada, les dépenses seront à leur plus bas en cinq ans, révèle un sondage de BMO. En moyenne, les Canadiens prévoient débourser 1517$ pendant la période des Fêtes en cadeaux, voyages, divertissement, etc. C'est tout près de 300$ de moins que l'an dernier. Les sommes consacrées aux cadeaux et aux divertissements baisseront de 19% et 25% respectivement. Au Québec, les dépenses totales seront de 1322$ (195$ de moins que la moyenne canadienne), prédit la BMO.