Des médias... à la soupe! L'ex-numéro 2 d'Astral, Jacques Parisien, a acheté la chaîne de restaurants Soupesoup, créée par Caroline Dumas en 2001. Celle qui en était la seule actionnaire et le visage public grâce à la télévision et à ses livres de recettes en demeurera présidente pendant au moins cinq ans.

Moins d'un an après avoir quitté son poste de haut dirigeant chez Bell (après l'achat d'Astral) et celui de président du conseil de Tourisme Montréal (après la controverse au sujet du salaire du PDG, Charles Lapointe), Jacques Parisien se lance en restauration. Pour une somme qu'il refuse de dévoiler, il a acquis 100% du capital-actions de Soupesoup, a-t-il confirmé à La Presse Affaires. La PME exploite une cuisine centrale et compte sept restaurants dans la région de Montréal, dont trois sont franchisés.

À 62 ans, Jacques Parisien ne se voyait pas prendre sa retraite. Il siège à plusieurs conseils d'administration (ITHQ, Capsana, Stingray, Attraction, Gesca), certains à titre bénévole. Mais il cherchait un défi additionnel et il est tombé sous le charme de Soupesoup, ce qui a amené ce gestionnaire d'expérience à devenir propriétaire d'une entreprise pour la première fois de sa vie.

«C'est une bonne marque parce qu'elle répond aux besoins du marché et qu'elle s'adapte aux tendances (bio, sans gluten, achat local). Surtout, c'est une marque qui a beaucoup de potentiel. Et l'entreprise possède un actif précieux, qui est Caroline», a-t-il déclaré au cours d'une rencontre rue Casgrain, où se trouvent son bureau et la cuisine centrale de la chaîne.

Caroline Dumas n'a jamais caché qu'elle préférait la cuisine à la gestion d'une entreprise, qu'elle a apprise sur le tas. L'été dernier, elle nous avait d'ailleurs affirmé que tous ses restaurants étaient à vendre. «J'aimerais m'occuper juste de la nourriture, de la partie la plus l'fun.»

L'offre de Jacques Parisien est tombée à point nommé, d'autant plus que l'entrepreneure quadragénaire venait d'avoir un bébé et qu'elle était à bout de souffle financièrement. «Je n'avais plus d'argent. Je ne suis pas capable de m'empêcher d'acheter des aliments bio. Ma job sera de continuer à être dépensière comme avant dans la qualité.» Caroline Dumas demeure aussi responsable des menus et des relations publiques.

Nombreux projets

Les deux nouveaux complices envisagent la publication d'un troisième livre de recettes. Mais ce ne n'est pas leur seul projet. Jacques Parisien est en train d'élaborer un plan de croissance pour Soupesoup dont il refuse de dévoiler le moindre détail pour ne pas alerter ses concurrents. «Je veux développer. Ça ne restera pas comme ça», résume-t-il simplement.

Entre les lignes, on comprend toutefois qu'il évalue la possibilité d'ouvrir les restaurants le matin, pour le petit-déjeuner. À l'heure actuelle, seule la succursale de la rue Wellington sert ce repas. Il est aussi question d'aller vers d'autres marchés.

Il n'a pas été possible de savoir s'il entend exporter la marque hors Québec, en suivant l'expansion de Simons (qui s'établira à Ottawa et rêve de Toronto et Vancouver). Le détaillant de Québec, devenu franchisé Soupesoup, a ouvert une succursale du restaurant dans le magasin qu'il a inauguré en août 2013 aux Galeries d'Anjou. «Ça va bien», se contente de répondre Jacques Parisien quand on lui demande de faire le bilan de cette première année.

-----------------

QUELQUES MOTS SUR JACQUES PARISIEN

Son plus grand défi, reconnaît-il, sera d'augmenter la rentabilité de son entreprise. Caroline Dumas insiste pour que tous les ingrédients - même le bouillon de poulet - soient bio mais que les prix demeurent «gentils», ce qui pose tout un défi. «Quand on vend de la m"*, c'est facile de faire de l'argent!», lance-t-elle.

CAROLINE DUMAS ET SON PATRON

Après l'acquisition d'Astral par Bell Média (juin 2013), Jacques Parisien est devenu président national de l'entreprise pour la télévision spécialisée et payante, la radio et l'affichage. Il a quitté son poste en septembre. Neuf mois plus tard, il a fait l'acquisition de Soupesoup.

Elle qui a fondé la chaîne de restaurants Soupesoup en 2001 ne voit pas d'un mauvais oeil l'idée d'avoir un patron. «J'ai toujours considéré Soupesoup comme une entité à part. D'ailleurs, si je prenais de la nourriture, j'avais l'impression de voler. Bref, c'est comme si j'avais toujours eu un patron.»