La chaîne américaine de magasins à bas prix Family Dollar (FDO), courtisée par deux concurrentes, a rejeté formellement jeudi l'offre de l'une d'elles, Dollar General (DG), qui se défend en l'accusant de privilégier les intérêts personnels de son patron à ceux des actionnaires.

Dans un communiqué jeudi matin, Family Dollar a annoncé que son conseil d'administration avait rejeté «à l'unanimité» la proposition de Dollar General en raison de problèmes de concurrence.

La chaîne a par conséquent réaffirmé son soutien à l'offre précédente d'un troisième grand acteur du secteur, Dollar Tree, auquel elle est fiancée depuis fin juillet.

Family Dollar avait accepté fin juillet de se faire racheter par Dollar Tree [[|ticker sym='DLTR'|]] pour 9,2 milliards de dollars dette incluse. Dollar General, actuel numéro un du secteur qui serait toutefois détrôné par le nouvel ensemble, avait surenchéri en début de semaine avec une contre-offre non sollicitée de 9,7 milliards.

«Notre conseil d'administration, avec l'aide de conseillers et de consultants extérieurs, analyse attentivement depuis le début de l'année les problèmes de concurrence posés par un potentiel rapprochement avec Dollar General» et «a conclu qu'on ne pouvait pas raisonnablement s'attendre à ce qu'il soit finalisé selon les termes proposés», a affirmé jeudi le PDG de Family Dollar, Howard Levine.

Son homologue chez Dollar General, Rick Dreiling, s'est dit «déçu», jugeant les problèmes d'antitrust «gérables», dans un communiqué séparé où il dit «examiner ses options».

En présentant son offre lundi, Dollar General avait dit ne pas anticiper de gros problème avec les autorités de la concurrence, affichant toutefois sa volonté, pour apaiser toute inquiétude éventuelle, de se séparer de 700 magasins de l'entité fusionnée, un pourcentage similaire aux 500 cessions annoncées par Dollar Tree.

Rejet pour raisons personnelles? 

M. Dreiling semblait avoir anticipé le rejet de Family Dollar, puisque dans une lettre envoyée mercredi à sa cible, et rendue publique dans la nuit, il laissait entendre que M. Levine avait des raisons personnelles pour ne pas accepter son offre.

M. Dreiling indiquait avoir exprimé à plusieurs reprises au fil des années son intérêt pour Family Dollar, affirmant qu'à «plus d'une occasion, Howard Levine a exprimé son propre intérêt dans un rapprochement, y compris, entre autres, son désir d'être directeur général de l'entité fusionnée».

«Nous ne pouvons pas nous empêcher de nous demander si le fait que Dollar General n'a pas donné suite à ces demandes de M. Levine a pesé dans la décision de passer un accord avec Dollar Tree», poursuit la lettre.

«Nous vous avons présenté une offre supérieure pour vos actionnaires (mais peut-être pas pour M. Levine personnellement)», écrivait encore M. Dreiling. Qui insistait en rappelant à la direction de sa cible «l'obligation de considérer d'abord et avant tout les intérêts de vos actionnaires».

Le PDG de Family Dollar a rétorqué que la lettre contenait «des fausses représentations flagrantes».

Le directeur général de Dollar Tree, Bob Sasser, a indiqué pour sa part jeudi lors d'une téléconférence avec des analystes consacrée aux résultats annuels de sa société qu'il espérait toujours un bouclage «le plus vite possible» de son propre projet de rapprochement. Il a fait valoir que son offre apportait «une valeur convaincante, immédiate et certaine pour les actionnaires de Family Dollar».

Dollar General propose 78,50 dollars en numéraire par action Family Dollar, contre 74,50 dollars payés en partie en actions pour Dollar Tree. Il promet aussi davantage de synergies, entre 550 à 600 millions de dollars sous trois ans contre 300 millions pour Dollar Tree.

À la Bourse de New York, l'action Family Dollar a clôturé en baisse de 0,50% à 79,41 dollars. Dollar General a perdu 0,24% à 63,61 dollars et Dollar Tree 1,31% à 54,28 dollars.