Le conseil d'administration d'American Apparel aurait offert à Dov Charney un contrat de 1 million de dollars par année pendant plusieurs années pour qu'il demeure au sein de l'entreprise. Et ce, quelques heures avant que le fondateur et patron de l'entreprise soit éjecté du conseil.

Une preuve de plus, selon Dov Charney, que les allégations et attaques des membres du C.A. d'American Apparel sont non fondées. Et qu'elles ne sont publicisées que pour le discréditer dans les médias, sans égard au bien de l'entreprise et des actionnaires, lit-on dans un communiqué envoyé à La Presse Affaires: «Si le conseil d'administration pense en toute conscience que M. Charney est un leader aussi inefficace et irresponsable, comme il tente de le décrire, il n'aurait jamais considéré garder le patron au sein de l'entreprise.»

«Les allégations non fondées n'ont rien à voir avec le travail de Dov Charney, comme l'a justement soutenu le conseil d'administration, rapporte Patricia L. Glaser, associée du cabinet Glaser Weil, dans un communiqué. Dov Charney va se battre pour l'entreprise qu'il a fondée, et les actions illégales du C.A. vont être mises au grand jour sous peu.»

«Pour le moment, Dov Charney attend, dit à La Presse Affaires une source proche du PDG évincé. Il pourrait avoir des nouvelles du C.A. dans deux, trois, quatre jours.»

Dov Charney veut retrouver son poste dans l'entreprise qu'il a fondée à Montréal en 1989 et dont le siège social a depuis déménagé à Los Angeles. S'il ne réussit pas, il pourrait réclamer de 10 à 25 millions, comme l'aurait estimé son avocate.

«Je suis le meilleur pour ce poste, a dit M. Charney au Financial Times avant-hier. Les dernières années ont été dures, et nous avons fait face à un nombre significatif de défis. Les liquidités ont été exploitées au maximum et peut-être que l'expansion de l'entreprise s'est faite trop rapidement en 2006. Mais si je retournais au bureau demain, je continuerais de trouver des solutions pour réduire les stocks. En moins d'un an, je pourrais les réduire d'encore 10%. L'an dernier, on les a abaissés de 16%. C'est notre meilleure année depuis 2009. C'est une année pivot et ça se reflète dans nos chiffres.»

«Il n'y a jamais eu de frictions entre les membres du conseil et Dov Charney, selon notre source. Quelques minutes après avoir reconduit les membres au conseil, il se faisait jeter à la rue!»

Comportement répréhensible



Le C.A. évoque un comportement répréhensible, en référence peut-être aux allégations de harcèlement sexuel par d'ex-employées, ces dernières années. «C'est triste que le conseil d'administration évoque des mauvaises conduites sexuelles pour arriver à ses fins, dit Dov Charney au Financial Times. On exploite ma dignité.»

«Les membres du C.A. craignent le style de vie de Dov Charney, dit la source. Ils essaient de forcer un point de vue conservateur sur le roulement de l'entreprise, alors que Dov Charney vient de Montréal, d'une communauté ouverte d'esprit, qu'il a grandi dans un univers d'art et de culture.»

L'ex-PDG se voit montrer la porte alors que les ventes de l'entreprise continuent de croître. Et que le bénéfice avant intérêt, impôt et amortissement (BAIIA) devrait atteindre les 50 millions en 2014. American Apparel a toutefois perdu 106,3 millions en 2013. Et sa capitalisation boursière n'est que de 111 millions. «Nos revenus annuels se chiffrent à 650 millions, a dit M. Charney au Financial Times. On doit et on peut faire plus d'argent et atteindre la profitabilité à partir de là... Je sais que je peux y arriver, car je l'ai déjà fait. Au premier trimestre de 2014, par exemple, on a eu des records de ventes.

«American Apparel, c'est une vision, de la passion, de l'intensité, l'idée d'une marque libre, d'une entreprise durable, des salaires équitables, de la créativité et de l'esprit d'entrepreneuriat, ajoute-t-il. [...] Je ne suis peut-être pas marié et je n'ai pas de cheveux gris, je ne me moule pas au portrait type d'un membre de conseil d'administration, mais je sais que je suis sur la bonne voie pour redonner du souffle à cette entreprise.»