La Société des alcools du Québec (SAQ) souhaite vendre des bouteilles de vin, de Baileys, de vodka et de champagne Veuve Clicquot dans les supermarchés du Québec. Les trois grandes chaînes d'alimentation du Québec ont été jointes pour participer à un projet-pilote visant l'intégration de succursales Express dans leurs commerces.

La société d'État espère que son idée se concrétisera au début de 2015 dans deux à six supermarchés, a appris La Presse.

Les négociations sont déjà en cours avec Loblaw (Provigo), Metro, Sobeys (IGA) et l'Association des détaillants en alimentation du Québec (ADA), a indiqué la directrice des affaires publiques de la SAQ, Isabelle Merizzi. «On a lancé des perches. On ne sait pas encore si les grandes chaînes sont intéressées, mais on le souhaite.»

Il ne s'agirait pas de simples kiosques, mais bien de «succursales à part entière avec un directeur et nos employés syndiqués». Les espaces seraient d'environ 1500 pieds carrés et proposeraient de 400 à 500 produits, essentiellement les meilleurs vendeurs (vins et spiritueux). La SAQ promet aussi de faire «une belle place aux produits québécois». Les ventes seraient encaissées par le monopole d'État.

Pour le moment, la SAQ n'a pas déterminé si elle paiera un loyer aux détaillants qui lui feront de la place.

Les supermarchés ne cesseraient pas de vendre du vin d'épicerie. «L'expérience des agences nous dit que le détaillant n'a pas intérêt à retirer son vin des tablettes, car il ne vise pas la même clientèle», explique la porte-parole de la SAQ, Linda Bouchard. La SAQ compte environ 400 agences dans des épiceries rurales. L'espace est d'une superficie de 50 à 140 pieds linéaires et regroupe jusqu'à 150 produits.

Plus de portes

La SAQ raconte avoir eu cette idée de projet-pilote à la suite d'une expérience vécue l'an dernier. Sa succursale du boulevard Duplessis, à L'Ancienne-Lorette, avait dû être fermée pendant cinq mois pour rénovations. Relocalisée temporairement à l'intérieur du Loblaws à proximité, elle a connu beaucoup de succès. Le taux de satisfaction de la clientèle a atteint 86%, selon la SAQ.

De plus, l'achalandage du Loblaws en question a augmenté, ce qui est aujourd'hui l'un des principaux arguments de la SAQ pour convaincre les supermarchés d'embarquer dans son projet.

Isabelle Merizzi affirme que l'idée derrière tout ça n'est pas de réduire le nombre de succurasales de la SAQ, même si les profits ont baissé de 2,7% à son dernier exercice. «On n'est pas encore dans l'idée de fermer des succursales. On est dans l'optique d'avoir plus de portes et moins de pieds carrés. Il faut que nos charges d'exploitation soient bien contrôlées.» D'ailleurs, de plus en plus de magasins seront rapetissés au fil des ans.

Défis pour les supermarchés

Joints par La Presse, les trois géants de l'alimentation au Québec n'avaient pas beaucoup de commentaires à faire sur le sujet. Metro a confirmé que le projet était à l'étude, mais n'a pas pu dire comment il s'y prendrait pour trouver 1500 pieds carrés dans ses épiceries déjà très remplies.

L'une des options, pour les supermarchés, serait de procéder à un agrandissement, a indiqué Isabelle Merizzi, de la SAQ, avant d'ajouter que l'entreposage est un autre défi auquel il faut réfléchir.

Chez IGA, le porte-parole Alain Dumas a préféré conserver ses commentaires pour la SAQ.

Du côté de Loblaw, il y avait beaucoup de confusion. Après avoir nié qu'une SAQ Express avait été accueillie dans l'un de ses supermarchés, l'entreprise s'est ravisée en fin de journée. La porte-parole Anita Jarjour n'a pas été en mesure de nous parler de cette expérience. Quant à la nouvelle proposition de la SAQ, elle ne pouvait confirmer que des discussions avaient eu lieu. «Il n'y aura pas de suite à la proposition. Il n'y aura pas ça dans nos magasins. Nous n'avons aucun projet» a-t-elle cependant conclu.