Celui qui a accepté de prendre la direction de la division canadienne de Target (TGT), Mark Schindele, est tout à fait conscient qu'il a un immense défi à relever. La chaîne d'approvisionnement, le marketing, le marchandisage, la perception des consommateurs: tout doit être amélioré. Et vite.

La direction américaine s'est impatientée au point de congédier la semaine dernière Tony Fisher, qui a piloté l'expansion canadienne. Elle s'attend maintenant à ce que les changements s'accélèrent, a insisté le grand patron américain John Mulligan, en poste depuis trois semaines.

La Presse Affaires a discuté avec le nouveau pilote du navire canadien.

Quatre jours après sa nomination, l'Américain Mark Schindele travaille déjà du Canada «à temps plein». Il réside près du siège social de Mississauga et il cherche une résidence permanente où poser ses valises. Tout en se familiarisant avec son nouveau travail, qu'il a accepté parce qu'il «croit au marché canadien» et qu'il «aime Target et les défis».

L'homme de 45 ans était déjà venu au Canada «7 ou 8 fois», notamment pour pêcher... et visiter des magasins Target. Quelle est sa perception personnelle du pays? «C'est un marché fantastique pour Target. On sait que nous n'avons pas atteint notre plein potentiel et que nous avons déçu les clients. Mais nous ferons un meilleur travail», répondra-t-il, presque machinalement. Pas de doute, le dirigeant est un véritable produit Target - où il travaille depuis 15 ans - jusque dans sa façon de s'exprimer.

Mark Schindele compte bien démontrer rapidement qu'il prend le taureau par les cornes. «D'ici 30 jours, notre objectif est de produire une évaluation complète de nos opérations et une évaluation stratégique complète de l'entreprise. On va ensuite dessiner la route à prendre pour effectuer des changements plus vite. Et en chemin, nous allons continuer de voir quelles sont les autres possibilités d'amélioration.»

Q Dans la dernière année, quand vous regardiez ce qui se passait au Canada, que vous disiez-vous?

R Je me disais que nous avions beaucoup de travail et qu'il y avait énormément de place à l'amélioration pour mieux servir les clients.

Q Jugiez-vous que des erreurs étaient commises ou qu'il n'était pas possible de faire mieux?

R L'équipe canadienne a fait un travail formidable. Mais d'un point de vue opérationnel, nous savons qu'il y avait des entraves sur la route qui empêchaient les gens de faire leur travail le mieux possible. Mon but est d'enlever ces entraves pour libérer le pouvoir de l'équipe.

Q Quelles étaient ces entraves?

R Nous avons embauché une firme externe pour faire une évaluation opérationnelle complète de nos systèmes, de nos processus et de toutes nos opérations. Et ce que nous avons découvert, c'est qu'il y a des problèmes dans la façon dont nos systèmes sont configurés, dans la façon dont nos procédés ont été conçus. Ce sont des choses que nous pouvons corriger.

Q Que pouvez-vous faire pour convaincre les consommateurs déçus qui ne veulent plus remettre les pieds chez Target de vous donner une seconde chance?

R À compter de cette semaine, dans notre circulaire, vous pourrez voir notre nouvelle stratégie pour les aliments et les biens courants. Il y a un bandeau qui encercle la circulaire et sur lequel on met en valeur des aubaines incroyables sur les articles que nos clients achètent le plus et dont ils ont besoin chaque semaine. Nous allons faire ça chaque semaine à partir de maintenant. C'est un changement que nous avons décidé de faire après avoir entendu le feed-back de nos clients. Nous croyons qu'en donnant aux consommateurs les produits qu'ils veulent à des prix imbattables, ils vont venir dans nos magasins.

Q Target veut embaucher un conseiller spécial pour vous seconder. Quel profil recherchez-vous?

R Une personne qui a une connaissance approfondie de tout le marché canadien et du consommateur canadien. Ajouter cette personne dans notre équipe de direction est vital pour notre succès. Je vais utiliser tous ses conseils. Cette personne ne proviendra pas nécessairement du commerce de détail.

Q Vous effectuez régulièrement des sondages auprès de vos clients pour connaître leurs impressions. Les résultats diffèrent-ils d'une province à l'autre? Les Québécois voient-ils les choses différemment?

R Les résultats sont similaires d'un océan à l'autre. Les résultats s'améliorent, mais ce n'est pas assez. Il nous reste beaucoup de travail à faire.