Le cigarettier Philip Morris International, leader mondial de l'industrie du tabac, a annoncé souhaiter mettre fin en octobre à la production de cigarettes dans son usine néerlandaise, sa plus importante, une décision qui affecte plus de 1200 emplois.

«Cette annonce difficile a été précédée de longues réflexions et évaluations minutieuses de toutes les options disponibles», a indiqué Philip Morris dans un communiqué, pointant du doigt des ventes en baisse sur les quatre dernières années.

Celles-ci ont notamment été affectées par la «faiblesse du marché», les consommateurs se tournant vers des produits à moindre prix, comme le tabac à rouler.

Ce déclin des ventes, évalué par Philip Morris à 20 %, est également dû à «l'impact négatif de politiques fiscales et de régulation excessives, qui créent un environnement prolifique pour les organisations criminelles impliquées dans la contrebande de cigarettes», a ajouté Drago Azinovic, le président de Philip Morris pour l'Europe, cité dans le communiqué.

Selon les buralistes français, la contrebande de cigarettes achetées à l'étranger, dans la rue ou sur internet, est passée de 3 % en 2003 à 24-25 % aujourd'hui en France.

«Malheureusement, de nouvelles régulations, qui affectent l'industrie, comme la directive européenne sur le tabac ne font rien pour répondre à ce problème grandissant», a également assuré M. Azinovic.

Le Parlement européen avait renforcé début octobre la législation anti-tabac dans l'UE, adoptant un texte interdisant notamment les cigarettes aromatisées et qui place des messages d'avertissement plus grands sur les paquets.

Ce texte avait été farouchement combattu par l'industrie du tabac qui avait mené une intense campagne de lobbying auprès des élus. Philip Morris avait à lui seul investi 1,4 million d'euros pour convaincre les eurodéputés de gommer les aspects les plus contraignants du projet.

L'usine de Bergen-op-Zoom, dans le sud-ouest des Pays-Bas, est la plus grande usine du groupe en termes de capacités de production, selon son site internet.

Elle est proche du port de Rotterdam, le plus grand port européen, et produit 74 milliards des cigarettes majoritairement destinées à l'export, pour les marchés européens et japonais.

«Une catastrophe»

En plus des employés de Philip Morris, entre 1800 et 3000 emplois pourraient être indirectement concernés dans la région, a indiqué la municipalité où est installée l'usine.

Pour le premier ministre libéral Mark Rutte, il s'agit «d'une triste nouvelle» mais le gouvernement ne «peut rien faire pour empêcher les licenciements», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse après l'hebdomadaire-conseil des ministres.

Plus grand employeur de la région, Philip Morris assure «être conscient des conséquences que la décision aura sur (ses) employés et leurs familles, et sur la communauté locale».

Le syndicat FNV, cité par l'agence de presse néerlandaise ANP, a dénoncé «un nettoyage dur et froid, alors que l'usine est rentable».

Un porte-parole du groupe, Mathijs Peters, a indiqué à l'AFP que la production sera désormais déplacée vers des usines en Pologne, en Italie, au Portugal ou en Roumanie, des «pays moins chers que les Pays-Bas».

Les employés de l'usine avaient été informés dans la matinée de cette décision. Dans l'après-midi, plus personne n'était présent sur place et l'usine restera fermée jusqu'à mardi matin, a assuré M. Peters.

Philip Morris produit entre autres la marque Marlboro, la plus vendue dans le monde, et s'arroge 16 % de parts de marché avec sept de ses marques parmi les 15 les plus fumées dans le monde.

Société suisse à capitaux américains, Philip Morris International (PMI) est né de la scission des activités internationales du groupe américain Altria en mars 2008.

PMI emploie plus de 87 000 employés à travers le monde, dispose de 53 usines et exporte ses produits dans plus de 180 pays.