Les détaillants qui envisagent de prendre de l'expansion à l'étranger devraient regarder de près l'Amérique latine. Le nombre de centres commerciaux explose, la classe moyenne s'enrichit et l'attrait pour les marques internationales y est indéniable.

«Quand H&M a ouvert son premier magasin en Amérique du Sud, au Costanera Center à Santiago au Chili, la file a duré deux semaines et les ventes ont été supérieures à celles des trois grands magasins du centre commercial réunies», a raconté Agustin Solari, président et chef de la direction de Idearetail Spa (ventes en gros), au cours d'une conférence donnée au Retail's Big Show en cours à New York.

À l'heure actuelle, l'Amérique latine compte 1500 centres commerciaux de plus de 30 000 m2. C'est autant qu'aux États-Unis, a souligné Franco Calderón, président de Latin American Retail Connection. Et il est prévu que 200 autres y seront construits d'ici les cinq prochaines années, à mesure que les villes secondaires et tertiaires se développent.

Scott Harris a rappelé que le Brésil (193 millions d'habitants) compte pas moins de 15 villes de plus de 1 million d'habitants. À elle seule, São Paulo en regroupe 11 millions. À cette importante population s'ajoute le fait qu'il s'agit encore d'une économie où le commerce est fragmenté. Les centres commerciaux génèrent seulement 18 % des ventes au détail du pays.

Le Chili et le Pérou

Agustin Solari croit que les occasions d'affaires sont tout aussi bonnes pour les détaillants au Chili et au Pérou. Dans ces deux pays, a-t-il indiqué, la classe moyenne s'enrichit grâce à l'arrivée des femmes sur le marché du travail. Flairant la bonne affaire, la chaîne américaine Forever 21 a justement ouvert un magasin à Santiago il y a deux semaines.

Plus présentes dans les bureaux, les femmes font moins d'enfants, ce qui accroît leur revenu disponible pour se faire plaisir, a-t-il ajouté, en précisant que cela représentait de belles occasions pour des marques «de moyen et de haut de gamme».

C'est sans compter que les plus riches s'achètent désormais des maisons de campagne et des chalets, ce qui génère des dépenses de toutes sortes (meubles, décoration). Enfin, il note que les cartes de crédit émises par des banques sont de plus en plus répandues, ce qui laisse présager une augmentation de la consommation. «Avant, les banques n'étaient pas intéressées par le commun des mortels, seuls les grands magasins leur émettaient des cartes de crédit», a mentionné Agustin Solari.

«Il y a plusieurs détaillants locaux très forts qui ne vont pas laisser les étrangers leur voler des parts de marché», a-t-il cependant prévenu.

Le Mexique

«Il y a encore du travail à faire, mais le Mexique est un bon pays où prendre de l'expansion», a pour sa part indiqué Elliott Bross, président et chef de la direction de Planigrupo, une entreprise qui exploite des dizaines de centres commerciaux dans ce pays.

Rappelant que l'inflation et les taux d'intérêt sont «stables depuis une décennie», le dirigeant a indiqué que de tous les pays au sud des États-Unis, le Mexique est celui dont la classe moyenne est la plus riche. En outre, le pays a conclu une entente avec la Chine selon laquelle les tarifs douaniers pour l'importation sont «très faibles». «Ça aide beaucoup les détaillants qui dépendent des importations chinoises», note Elliott Bross. Le conférencier était très optimiste en ce qui concerne l'économie du Mexique pour les années à avenir. À son avis, la réforme de l'énergie va créer un important boom de l'emploi.

Depuis deux ans, Gap, Crate&Barrel, Abercrombie&Fitch et H&M ont tous ouverts des magasins au Mexique.