(T.SC) Pharmaprix en a fait sourciller plus d'un, ces dernières semaines, en évacuant les arbres de Noël de la décoration des Fêtes de ses magasins.

La directive émanant du siège social de Shoppers Drug Mart , à Toronto, hérisse des pharmaciens propriétaires et des clients attachés au célèbre symbole.

«Nous avions deux grands arbres de Noël de 12 pieds que nous avions achetés il y a quelques années, mais on nous a dit que nous ne pouvions pas les installer. Nous les avons donnés à des organismes de charité», raconte un pharmacien propriétaire montréalais qui a requis l'anonymat.

Sur la page Facebook de Shoppers Drug Mart, des clientes du Canada anglais se sont aussi plaintes de la disparition des arbres de Noël. «Je suis contre cette interdiction, c'est Noël après tout», a ainsi écrit la Britanno-Colombienne Heather Salter.

L'entreprise a simplement répondu à Mme Salter qu'elle avait apporté des «changements palpitants» à son décor des Fêtes.

Une porte-parole de Shoppers, Tammy Smitham, a expliqué hier à La Presse Affaires que les arbres traditionnels avaient été remplacés par de petits arbres coniques rouge et argent.

«Plusieurs des arbres traditionnels que nous avions étaient endommagés, et il aurait été plutôt coûteux de les remplacer», a déclaré Mme Smitham, précisant que toutes les pharmacies devaient respecter les normes de décoration de la chaîne. Elle a assuré que la décision n'avait pas été prise pour des raisons de neutralité religieuse.

Rares ailleurs aussi

Il faut dire que Pharmaprix est loin d'être le seul détaillant à avoir abandonné l'arbre de Noël. Au centre-ville de Montréal, la plupart des commerces n'en ont pas. Plusieurs d'entre eux, dont Future Shop et la SAQ, font comme Pharmaprix: ils se contentent de flocons et de boules de Noël.

D'autres sont encore plus minimalistes: chez Aldo, Gap et Mexx, les seuls signes du temps des Fêtes sont la présence d'écriteaux de couleur rouge ou verte pour indiquer les prix ou les soldes.

Par contre, certains magasins continuent à faire une grande place aux arbres de Noël, qu'ils soient traditionnels ou stylisés. C'est notamment le cas de grands magasins comme La Baie, Birks, Indigo et Simons. Et encore une fois cette année, la Place Ville-Marie et la Place Montréal Trust ont érigé leurs gigantesques arbres de Noël.

«C'est sûr qu'il y a moins de décorations qu'avant. Avant, tout le monde allait là-dedans. Maintenant, c'est un choix stratégique. Il faut vouloir y investir temps et argent», dit Brian McConnell, président de l'Agence Shop, spécialisée dans le marchandisage.

«Les magasins qui sont situés sur des artères commerciales ont intérêt à décorer soigneusement leur vitrine pour attirer les gens à l'intérieur, ajoute-t-il. C'est moins important dans un centre commercial. Aujourd'hui, le concept de transparence est très fort: plusieurs commerçants veulent qu'on puisse voir jusqu'au fond du magasin à partir du mail. Ce sont plus les produits qu'on met en vedette que les décorations.»

Il y a aussi les contraintes d'espace et d'argent. «J'ai des marchands qui m'ont dit: «cette année, on n'a pas les moyens de faire de grandes dépenses de Noël»», confie M. McConnell.

Au cours des dernières années, plusieurs controverses ont éclaté autour des décorations de Noël. En 2005, la Ville de Boston avait rebaptisé «arbre des Fêtes» son arbre de Noël, alors qu'en 2011, une entité fédérale, Service Canada, avait interdit les décorations dans les espaces accessibles au public, avant de se rétracter.