Le numéro un mondial de la distribution Walmart (WMT) va passer l'an prochain sous les commandes de l'actuel patron de sa branche internationale, qui devra composer avec des perspectives maussades et plusieurs affaires de corruption notamment au Mexique.

Le groupe américain a annoncé lundi dans un communiqué la nomination de Doug McMillon pour remplacer l'actuel directeur général Michael Duke, avec effet au 1er février, début de l'exercice décalé du groupe.

M. Duke, âgé de 63 ans, a informé mardi dernier le conseil d'administration de son souhait de prendre sa retraite, et la nomination de son successeur a été entérinée vendredi, selon des détails fournis dans un document boursier.

Le directeur général occupait le poste depuis 2009 et «dans la tradition de ses prédécesseurs, continuera de conseiller M. McMillon pendant un an», précise le communiqué de Walmart

Recruter le futur patron en interne n'est pas non plus une nouveauté. C'était déjà le cas de M. Duke, qui était d'ailleurs lui aussi à la tête de la division internationale avant de prendre les rênes de l'ensemble du groupe.

Accusations de corruption

Âgé de 47 ans, Doug McMillon est un pur produit de Walmart où il a fait toute sa carrière. Il a commencé par un petit boulot d'été à 18 ans avant de rejoindre de manière plus permanente le groupe en 1990, et d'y gravir graduellement les échelons. Il avait été nommé président de la division internationale début 1999, mais a aussi auparavant occupé plusieurs autres fonctions de direction, notamment aux États-Unis où il avait été en charge des magasins Sam's Club.

Le président du conseil d'administration, Rob Walton, a salué lundi sa «large expérience, avec des positions de direction dans tous les segments d'activité de Walmart», et s'est dit confiant dans la capacité du patron désigné à rester «fidèle aux valeurs» du groupe.

La nouvelle était accueillie avec une relative indifférence à Wall Street, où l'action du groupe de distribution progressait de 0,62 % à 15 h 10, à 80,31 dollars.

«Il était clair que Doug McMillon était dans la dernière sélection de candidats étant donné son expérience», relevait la Deutsche Bank, pour qui cette nomination «garantit que l'expansion internationale sera un élément clé à l'avenir, tout en conservant les stratégies générales du groupe intactes».

«La faible performance des magasins américains sur les dernières années est très probablement la raison principale pour laquelle leur responsable, Bill Simon, n'a pas eu le poste de Duke», en plus de son manque d'expérience à l'international qui est clairement l'endroit où Walmart espère voir de la croissance, estimait pour sa part le site d'analyses 247wallst.com.

Les perspectives restent toutefois pour l'instant maussades. Sur les neuf premiers mois de 2013, Walmart a vu son chiffre d'affaires total progresser de seulement 1,7 % avec une croissance à peine un peu plus forte à l'étranger (2 %). Il a abaissé à deux reprises ses prévisions annuelles, invoquant tour à tour des consommateurs américains qui surveillent leurs dépenses et un coup de frein sur ses ventes à l'international, notamment dans les pays émergents.

S'il continue de parier sur la Chine, le groupe a levé le pied le mois dernier sur ses projets d'ouvertures de supermarchés sur un autre gigantesque marché asiatique, l'Inde où il a mis fin à une société commune avec le conglomérat Bharti.

Walmart est par ailleurs confronté à des accusations de corruption à l'étranger, notamment au Mexique. Les faits, remontant à plusieurs années mais révélés seulement en avril 2012 par le New York Times, avaient conduit en janvier à la démission du responsable du groupe pour ce pays et l'Amérique latine, Eduardo Solorzano.

Des enquêtes sont aussi en cours sur les pratiques du groupe dans une série d'autres pays, dont au moins le Brésil, la Chine et l'Inde, selon des documents boursiers.