Plusieurs détaillants canadiens ont tenté de percer le marché américain avec plus ou moins de succès au fil des ans. Le franchiseur montréalais MTY (t.mty)  en est assurément conscient, mais une occasion difficile à résister s'offre à lui.

Le PDG de MTY, Stanley Ma, a dévoilé quelques détails de sa stratégie, avant-hier, à l'analyste Michael Glen, de la Banque Laurentienne.

La discussion a porté surtout sur les perspectives de croissance des chaînes exploitées par MTY (Thaï Express, Mr Sub, Sushi Shop, Valentine, Thaïzone, Mr Souvlaki, etc.).

Il n'y aurait pas de véritable chaîne nationale sur le marché américain qui se spécialise dans la cuisine thaïlandaise. L'introduction d'un concept « thaï » renfermerait un potentiel de croissance intéressant. « J'anticipe l'ouverture d'au moins un premier restaurant sous la marque Thaï Express au début de 2014 », dit Michael Glen.

Selon lui, la direction de MTY ouvrira vraisemblablement ce premier restaurant à Scottsdale, en Arizona, où est situé le siège social américain du spécialiste montréalais de la restauration rapide.

La réalisation de ce projet pourrait avoir un impact important sur le titre en Bourse, souligne l'analyste qui a modifié sa recommandation hier. Lui qui suggérait auparavant de « conserver » le titre propose désormais de l'acheter.

Le gestionnaire de portefeuille Philippe Hynes, chez Tonus Capital, partage cet enthousiasme. « MTY compte près de 2500 restaurants et ce nombre pourrait doubler ou tripler dans les prochaines années. La beauté d'un modèle de franchisés est que cette croissance peut se faire sans que MTY ait besoin d'une énorme quantité de capital. »

De plus, souligne-t-il, Stanley Ma détient près de cinq millions d'actions qui valent 150 millions de dollars. « Je ne pense pas qu'il voudra conclure une transaction stupide. »

Le repli boursier d'environ 15 % depuis le dernier rapport des résultats trimestriels au début du mois d'octobre offre, selon Michael Glen, un point d'entrée attrayant pour devenir actionnaire d'un des plus beaux succès boursiers québécois des 20 dernières années.

Le titre a d'ailleurs atteint son sommet historique au début du mois d'octobre, mais le déclin des ventes par magasins comparables pour un cinquième trimestre de suite pourrait avoir eu un impact.

« Le multiple auquel s'échange le titre reste élevé, mais le marché est prêt à payer une prime pour MTY en raison du rendement sur le capital réalisé par l'entreprise, de la feuille de route au niveau des acquisitions et de leur intégration, et parce que le potentiel de croissance de la compagnie est très grand. »

Dans l'esprit de Michael Glen, la poussée boursière qui a porté l'action à 35 $ cet automne était partiellement liée à l'anticipation de nouvelles acquisitions. « Il semble toutefois que les dirigeants soient davantage concentrés sur l'intégration d'Extreme Brandz et de Thaïzone actuellement. »

MTY a réalisé au printemps la plus grosse transaction de son histoire en achetant Extreme Brandz pour 45 millions. L'acquisition des 300 restaurants de la chaîne a donné à MTY ses premiers restaurants aux États-Unis (une quarantaine, principalement sous la marque Extreme Pita).

L'action de MTY s'est appréciée de 4,29 %, à 30,66 $, hier à Toronto.

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Des Canadiens qui ont tenté leur chance aux États-Unis

Voici quelques exemples d'entreprises canadiennes qui ont tenté de percer le marché américain au fil des ans avec plus ou moins de succès.

Jean Coutu

Jean Coutu s'est implanté aux États-Unis pour la première fois en 1987 en déployant la marque Maxi Drug dans cinq pharmacies. En 1994, Jean Coutu a acheté des pharmacies Brooks et en 2004, il a procédé à l'achat de pharmacies Eckerd. En 2007, Jean Coutu a cédé ses magasins Brooks et Eckerd à Rite Aid en échange d'une participation de 30% et de places au conseil d'administration. Les dernières actions de Rite Aid ont été vendues l'été dernier.

Le Château

Le détaillant montréalais a ouvert une première boutique aux États-Unis en 1985. Trois ans plus tard, Le Château en comptait plus déjà d'une vingtaine. En 1992, il en restait une dizaine. Seulement cinq étaient encore ouvertes, toutes dans la région de New York, en 2007.

Tim Hortons

Tim Hortons compte aujourd'hui près de 3500 restaurants au Canada et environ 800 aux États-Unis. La société a annoncé la fermeture de 36 succursales dans le nord-est américain il y a trois ans. Le nouveau PDG de Tim Hortons précisera en février prochain sa stratégie pour les États-Unis.

Harry Rosen

Le détaillant canadien de vêtements pour hommes avait ouvert un premier magasin à Buffalo en 1988 pour ensuite exploiter une dizaine de boutiques américaines Hugo Boss, notamment en Floride, à Chicago, Boston, Los Angeles et Denver. Hugo Boss a tout racheté en 2002 pour mettre un terme à l'aventure américaine de Harry Rosen.