Situation inusitée hier dans le conflit de travail chez Renaud-Bray: pendant que les grévistes manifestaient bruyamment devant la librairie de la rue Saint-Denis, les deux parties négociaient de façon intensive.

Le secrétaire général de la FTQ, Daniel Boyer, qui souhaite succéder à Michel Arsenault à la présidence de la centrale, s'est brièvement adressé à la centaine de manifestants.

«La grève a suscité une certaine ouverture de la part de l'employeur à la table. Les deux parties mettent un peu d'eau dans leur vin. Les patrons ont déjà reculé sur certaines de leurs demandes, et on a espoir que ça va continuer dans le bon sens», a soutenu Camille Robert, représentante syndicale et libraire au Renaud-Bray de l'avenue du Parc.

Du côté patronal, on a confirmé que les pourparlers avançaient bien, mais on a refusé d'attribuer à la grève les progrès effectués.

Les quelque 250 syndiqués de 11 librairies Renaud-Bray sont en grève depuis le 2 novembre. Hier, leurs collègues de la succursale de la rue Saint-Denis ont annoncé qu'ils allaient se joindre au mouvement la semaine prochaine si aucune entente n'est conclue entre-temps. L'entreprise compte une trentaine de librairies et environ 1000 employés.

Salaires et horaires

Les deux principaux points en litige sont les salaires et les horaires de travail. Le salaire d'entrée d'un libraire chez Renaud-Bray est de 10,39$ l'heure, soit à peine 24 cents de plus que le salaire minimum. Par contre, le salaire moyen des quelque 250 employés en grève est de 13,50$, alors que celui de l'ensemble des libraires québécois tourne autour de 12$.

Le syndicat réclame des hausses salariales de 3% par année pendant trois ans. Il souhaite aussi obtenir une meilleure «reconnaissance du métier de libraire», déplorant que Renaud-Bray remplace de plus en plus les libraires par des commis.

«On sait que le marché du livre ne va pas bien, mais on devrait justement mettre l'accent sur le savoir-faire des libraires, parce que ce qui fait la différence entre Renaud-Bray et Amazon ou Costco, c'est le service et les conseils», a affirmé Mme Robert.

Les ventes de livres sont en baisse, une tendance à laquelle n'échappe pas la plus grande chaîne de librairies au Québec. L'an dernier, le chiffre d'affaires de l'entreprise s'est élevé à 125 millions de dollars.

En 2005, un lock-out de 10 jours et une grève de près de deux semaines à l'approche des Fêtes avaient fait mal à l'entreprise, qui avait dû fermer des magasins l'année suivante. Le nombre de succursales a recommencé à croître par la suite.