La chaîne américaine de cafés Starbucks (SBUX)  paie cher sa décision de rompre en 2010 son contrat de vente de café en magasins avec Mondelez même si la chaîne américaine affirme qu'elle a bien fait de reprendre le contrôle de cette activité stratégique. 

Une instance d'arbitrage a ordonné mardi à Starbucks de payer 2,79 milliards de dollars de dommages et intérêts pour interruption illicite du contrat qui la liait à Mondelez, ex-Kraft, sur la distribution en grandes surfaces de café emballé à sa marque.

Le contentieux durait depuis trois ans: Starbucks avait annoncé en novembre 2010 mettre fin à un contrat avec Kraft portant sur la distribution en grandes surfaces de café sous sa marque.

Starbucks avait alors décidé de vendre directement son café en paquets chez les distributeurs.

À cause de l'amende, Starbucks a révisé mercredi ses comptes de l'exercice décalé 2012-2013 clos fin septembre. Le quatrième trimestre est désormais dans le rouge avec une perte nette de 1,2 milliard de dollars, quand Starbucks affichait auparavant un bénéfice de 481 millions.

«C'est difficile quand une décision comme celle-là est prise contre vous, mais c'est maintenant derrière nous, c'est une charge qui n'aura lieu qu'une fois, nous tournons la page», a commenté le PDG Howard Schultz lors d'une conférence d'analystes.

Pour financer le versement de l'amende, en plus de sa trésorerie disponible, la chaîne de Seattle avait déjà émis un emprunt obligataire de 750 millions de dollars. Le directeur financier Troy Alstead a annoncé mercredi que le groupe allait émettre un autre emprunt de montant équivalent.

Une amende plus élevée que prévu

«Il est évident que l'amende est beaucoup plus élevée que ce qu'ils prévoyaient», a commenté Jim Yin, analyste de S&P Capital IQ.

Il ajoute que les comptes de 2013-2014 devraient «pâtir un peu» du versement d'intérêts élevés, mais il souligne que les ventes de café emballé en magasins représentent maintenant «12% des recettes» de Starbucks.

«Ils disaient que Kraft n'avait pas promu suffisamment leur café, ne le plaçait pas assez bien dans les rayons des grandes surfaces», remarque M. Yin, qui note que les cafés Starbucks étaient en concurrence avec les marques de Kraft/Mondelez (Maxwell, Grand Mère, Carte Noire...).

«Reprendre le contrôle de notre marque de café emballé était la bonne chose à faire» a assuré Howard Schultz.

«Nous avons développé tout un éventail de nouveaux produits, amélioré nos relations avec les distributeurs et largement augmenté nos recettes et notre bénéfice avec un positionnement plus haut de gamme dans les magasins», a argumenté le patron et fondateur de la chaîne de cafés.

Les ventes de café emballé de Starbucks enregistrent une croissance plus forte que l'ensemble de ce secteur, a insisté M. Schultz, assurant que l'activité est «très rentable».

Nous «sommes encore aux débuts de cette activité de produits emballés pour la maison valant des milliards de dollars de revenus», a-t-il encore dit.

Pour M. Yin, Starbucks veut maintenant se concentrer non seulement sur les cafés emballés, mais surtout sur les dosettes individuelles où les marges sont encore plus élevées.

Le groupe n'a cessé ces dernières années de se diversifier, dans les thés, les dosettes de café soluble ou pour machines, ou encore en rachetant la société de viennoiseries californienne La Boulange et les jus de fruits Evolution Fresh.

Mondelez, issu de la scission de Kraft entre son activité de produits frais et celle de biscuits, chocolats et gommes à mâcher qu'il a conservée, affirmait que son contrat avec la chaîne de cafés datait de 1998 et était d'une durée indéfinie. Il disait avoir sur la durée du contrat fait décupler les ventes annuelles à 500 millions de dollars.

La division de produits emballés, qui recouvre notamment les paquets de café, affichait sur l'exercice 2012/13 des ventes en hausse de 12% à 1,7 milliard de dollars.

L'action de Starbucks prenait 0,53% à 81,04 dollars mercredi à la mi-séance et celle de Mondelez 2,25% à 33,16 dollars.