Les actionnaires de Rona (T.RON) mécontents du rendement de leur investissement dans le quincaillier devront prendre leur mal en patience, du moins à court terme, selon un analyste de BMO Marchés des capitaux.

Selon Wayne Hood, cette situation est surtout attribuable à la faiblesse du marché de l'habitation, surtout au Québec, ainsi qu'au recul des parts de marché de l'entreprise québécoise au profit de Home Depot.

L'analyste, qui a rencontré récemment le président et chef de la direction de Rona, Robert Sawyer, croit qu'il faudra «quelques années» avant de voir des résultats tangibles de la restructuration du détaillant.

«Ramener une forte croissance au cours des 12 prochains mois s'annonce très difficile», souligne l'analyste, dans un rapport diffusé mardi.

Ce dernier justifie sa prédiction en rappelant que d'autres entreprises, comme Home Depot et Lowe's, ont déjà traversé de telles périodes. «La patience devrait être le mot d'ordre pour les actionnaires», affirme M. Hood.

Même si les résultats ne sont actuellement pas à la hauteur des attentes, l'analyste estime que Rona atteindra son objectif de réduire ses coûts de 110 millions de dollars d'ici la fin de l'année.

La restructuration du quincaillier a notamment entraîné l'élimination de postes administratifs en plus de la fermeture de 11 magasins considérés peu rentables en Ontario ainsi qu'en Colombie-Britannique.

«Nous nous attendons à ce qu'une partie de ces économies soient réinvesties afin de repositionner l'entreprise», écrit M. Hood dans son rapport.

Malgré ces efforts, l'analyste de BMO Marché des capitaux s'attend quand même à ce que les ventes de Rona reculent d'un pour cent au troisième trimestre.

La stratégie de redressement du détaillant québécois pourrait également demander plus d'efforts pour ses 47 magasins d'entreprise répartis à la grandeur du Canada.

«Contrairement au Québec, où Home Depot représente le concurrent le plus féroce, d'autres entreprises, dont Lowe's, sont bien implantées ailleurs au pays», souligne l'analyste.

Selon M. Hood, la meilleure façon pour Rona d'augmenter certaines parts de marché se trouve dans ses magasins de proximité.

«La concurrence est plus fragmentée, écrit-il. L'entreprise pourrait se distancer de ses rivaux grâce au service à la clientèle et des prix plus intéressants.»

Ces surfaces de moins de 50 000 pieds carrés comprennent 144 magasins d'entreprise, deux franchisés et 293 succursales affiliées à la grandeur du pays.

Par ailleurs, M. Hood estime que le détaillant ne représente pas une occasion d'acquisition intéressante pour Canadian Tire.

L'an dernier, alors que l'Américaine Lowe's démontrait de l'intérêt pour Rona, certains analystes laissaient entendre que Canadian Tire aurait pu tirer profit d'une acquisition de l'entreprise québécoise.

À la fin du mois d'août, certains marchands et franchisés avaient fait parvenir une lettre à M. Sawyer afin de se plaindre de la faiblesse générale de Rona, notamment.

Certains membres auraient même laissé entendre qu'ils seraient prêts à quitter le giron du quincaillier québécois pour joindre des concurrents.

L'action de Rona a clôturé mardi à 12 $ à la Bourse de Toronto, en baisse de 6 cents par rapport à sa fermeture précédente.